La diaspora guinéenne de France s’inquiète de la propagation du virus Ebola, sans pour autant céder à la psychose. Elle s’interroge sur le rôle que la Communauté Internationale va jouer pour tenter d’enrayer le virus pandémique. Reportage en banlieue parisienne.
La Guinée connaît, depuis deux semaines, une nouvelle vague de contamination au virus Ebola, particulièrement à Conakry qui est la capitale du pays. Les Guinéens de France craignent que le virus ne fasse de plus en plus de victimes en Afrique, mais aussi en Europe. C’est à Saint Denis et à l’université de Villetaneuse qu’Afrik.com est allé à leur rencontre.
Les Guinéens vivent dans la peur mais pas la psychose
A l’université Paris 13 à Villetaneuse, c’est la diversité culturelle. Ainsi les étudiants africains se réunissent souvent en dehors des cours afin d’évoquer les dernières nouvelles du continent. Ainsi, au sein du local de l’association Trait d’Union, les discussions portent nécessairement sur le virus Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest. Entre deux bouchées de sandwich, chacun y va de son commentaire. Un jeune étudiant guinéen fraîchement revenu de la Guinée, qui passait au local dire bonjour à ses compatriotes avant son cours, tient à préciser que les Guinéens vivent dans la peur, mais pas dans la psychose. Chacun vaque à ses occupations tout en respectant les consignes sanitaires. Ibrahim Diallo, jeune étudiant en droit, semble partager cet avis. Il tient néanmoins à préciser que la sécurité sanitaire a été renforcée, notamment à l’aéroport où « ils nous prennent notre température en arrivant ». Par ailleurs ces deux étudiants dont les familles se trouvent à Conakry, n’ont pas été en contact avec des porteurs du virus.
A Saint Denis, une famille guinéenne semble révoltée car l’Etat français les interdit de se rendre en Guinée pour le moment. Yamoussa Camara, agent de sécurité dans l’évènementiel évoque les raisons de cette interdiction. « C’est par mesure de sécurité, pour éviter tout risque de contamination », indique-t-il, précisant qu’Ebola est un virus très inquiétant, qui s’étend très vite.
Le virus Ebola est tellement redoutable que le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité une résolution déclarant l’épidémie comme une « menace pour la santé et la sécurité internationale ».
Mobilisation de la communauté internationale?
Alors que le secrétaire générale des Nations-unies Ban Ki-Moon, indique que le virus Ebola est une crise exceptionnelle qui exige une réponse mondiale exceptionnelle, le débat est lancé entre deux cours à Villetaneuse, sur la mobilisation de la communauté internationale. Les avis divergent sur la question. Khady Diallo, très en colère, le visage fermé, est d’avis que « la communauté Internationale attend que le virus touche les pays de la Triade pour réagir ». Certains pensent même que le virus est une pure invention américaine afin de réduire la population africaine. D’autres estiment que la communauté internationale se mobilise certes, mais peut faire beaucoup plus notamment auprès des villages. De son côté, Yamoussa Camara s’étonne de la réaction tardive de la communauté internationale.
Le virus Ebola se propage à grande vitesse en Afrique de l’Ouest. Mercredi dernier, l’Organisation mondiale de la Santé faisait état de 4447 décès pour 8916 cas recensés. La Guinée est un des foyers de l’Ebola. Elle a enregistré 648 morts sur 1074 cas.