La guerre de l’espace aérien marocain est ouverte. La grande méchante compagnie aérienne low-cost britannique Easy Jet a annoncé son arrivée sur le marché du Royaume pour la deuxième moitié de l’année 2006. Elle est la première à profiter de la signature, le 14 décembre dernier, de l’accord d’« open sky » entre le Maroc et l’Union européenne.
Les compagnies traditionnelles n’ont qu’à bien se tenir, EasyJet débarque au Maroc. La compagnie à bas coûts britannique a annoncé mardi son arrivée dans le royaume chérifien pour le 4 juillet prochain, avec l’ouverture, dans un premier temps, d’une ligne quotidienne entre Londres et Marrakech. Le prix d’appel pour cette destination déjà disponible sur Internet : 25,99 livres HT (37,99 euros). Le Président d’EasyJet, Andrew Harison, qui a annoncé la nouvelle destination en même temps que deux autres, vers la Turquie et la Croatie, a estimé qu’il s’agissait là de « l’expansion la plus significative de la compagnie depuis le démarrage, en mai 2004, des nouvelles routes vers les pays d’Europe centrale et de l’Est ».
Le « price broker », qui s’enorgueillit d’avoir transporté 30 millions de passagers en 2005, est la première compagnie européenne à profiter de l’accord d’« open sky » – « ciel ouvert », négociations générales sur l’accès aux espaces aériens respectifs – signé le 14 décembre dernier entre le Maroc et l’Union européenne, en marge de la première conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur les transports, organisée à Marrakech.
« Ciel ouvert » pour accueillir 10 millions de touristes en 2010
Cette phase est essentielle pour le Maroc, qui libéralise son espace aérien depuis 2004 et espère ainsi atteindre les dix millions de passagers à l’horizon 2010, contre cinq aujourd’hui. L’accord de « ciel ouvert » supprime toute limitation de nationalité, de capacité ou de fréquences pour les compagnies aériennes et européennes, de même qu’il leur permet de s’établir, d’investir et de vendre des billets au Maroc ou en Europe. Cette dernière clause avait été refusée aux Etats-Unis, le seul pays non européen avec lequel l’Union Européenne (UE) ait négocié un accord de « ciel ouvert ».
Selon les chiffres de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) à Londres, les touristes britanniques, au nombre de 193 552, sont 29 % de plus qu’en 2004 à avoir visité le Maroc l’année dernière. Avec 860 904 nuitées, ils sont restés deux fois plus longtemps dans le Royaume. Autant de touristes qui pourront désormais profiter des tarifs des compagnies à bas coûts, cantonnées jusque-là à des vols intraeuropéens, et à des vols hors Union européenne, mais au départ de leur pays d’origine et dans la limite d’accords bilatéraux. Ryanair ne tardera sans doute pas à suivre son concurrent Easyjet.
Atlas Blue et Jet4you déjà dans la place
L’accord de « ciel ouvert » n’est pas sans inquiéter la Royale air Maroc, qui compte se recentrer sur Casablanca et a pris les devants en lançant la filiale Atlas Blue. Créée le 28 mai 2004, la compagnie à bas coûts propose, depuis le 26 juillet de la même année, des vols depuis les villes de province de six pays européens (France, Angleterre, Pays-Bas, Belgique, Italie et Suisse) en direction d’Oujda, Nador, Al-Hoceima, Agadir ou Marrakech, à partir de 90 euros l’aller simple. Ce qui fait d’elle une compagnie « light-cost », précise la direction à la communication, puisque les prix ne sont pas cassés et qu’il existe un service minimum à bord des avions.
Les Tour-opérateurs risquant également de prendre l’accord de plein fouet, l’Allemand Tui a assuré ses arrières en devenant propriétaire majoritaire (40%) de Jet4You, une compagnie à bas coût dont le premier vol entre Marrakech et Paris Orly a été effectué fin février dernier. Elle prévoit sept vols hebdomadaires Orly-Marrakech-Orly, deux Orly-Fès-Orly et deux Orly-Agadir-Orly, en partage de code avec Corsair, qui continuera à desservir l’axe Orly-Marrakech une à deux fois par semaine.