Ecrire en fon, yoruba, swahili ou dans n’importe quelle langue africaine à partir de son clavier Azerty ou Qwerty, c’est possible grâce à un logiciel dénommé Afri-alpha. Souvent utilisé par les administrations nationales dans les programmes d’alphabétisation, ces logiciels sont très peu vulgarisés. Exemple au Bénin.
A partir d’un clavier ordinaire, Azerty ou Querty, vous pouvez écrire en fon ou dans n’importe quelle autre langue africaine. Comment ? Grâce à un logiciel pour alphabets africains dénommé Afra-alpha, qui existe depuis 1992 au Bénin. Un logiciel conçu en Afrique du Sud par l’Unesco sur recommandation de la coopération suisse pour le Bénin.
» La Suisse soutient le Bénin en matière d’alphabétisation depuis près de 40 ans « , note Apollinaire Danonde, directeur-adjoint de la Direction de l’alphabétisation et de l’éducation des adultes au ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme. Le logiciel s’appuie sur l’alphabet phonétique international mis en place par des linguistes africains et latino-américains. Il permet par conséquent de transcrire automatiquement la phonétique des différentes langues traditionnelles africaines.
Disponible mais très peu vulgarisé
Grâce à ce logiciel, la Direction de l’alphabétisation met à la disposition des personnes qui bénéficient de ses programmes, des textes et des journaux clairs et propres. Plusieurs publications sont conçues dans les différents centres départementaux. Par exemple, celui de Porto-Novo produit » Imonle » ( » le jour se lève » en yoruba) et celui de Parakou publie » Kparo » en bariba (langue du nord du Bénin). Les gens peuvent ainsi s’informer dans leur langue maternelle. » Nous souhaitons équiper nos centres en ordinateurs pour que les gens se familiarisent à cet équipement tout en écrivant dans leurs langues. Malheureusement, nous ne disposons pas des moyens nécessaires pour concrétiser ce projet. Toutes les bonnes volontés sont donc les bienvenues « , explique Apollinaire Danonde.
Si l’usage de ce logiciel semble répandu dans les administrations, les ONG ou encore à l’Université Nationale du Bénin (UNB), il n’en est pas de même pour Monsieur-tout-le-monde. Au total, peu de personnes sont informées de l’existence de ce type d’application à part quelques spécialistes. Une situation que déplore Apollinaire Danonde qui souhaite que ce logiciel soit mieux connu. Normal ! Il n’y a pas que les élèves des cours d’alphabétisation qui ont besoin d’écrire dans leurs langues maternelles. Qui sait ? Une littérature fournie en fon ou dans une autre langue béninoise pourrait éventuellement émerger grâce à une meilleure diffusion de ce logiciel…
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