Les parents Noirs sont affreusement vieux-jeu quand il s’agit de parler de sexe. Cela est particulièrement vrai pour les immigrants Noirs et les familles d’immigrants venues de ce qu’on appelle le « Tiers Monde ». Ici règne la philosophie selon laquelle « si tu as des relations sexuelles, tu tomberas enceinte et tu vas mourir ! » transmise par les parents à des enfants curieux, dans le monde entier.
À la maison, on ne parlait jamais de sexe, mes parents disaient plutôt des choses comme « ne vas pas chercher des problèmes » ou bien « les garçons ne pensent qu’à une seule chose ». On aurait dit des éléphants perdus dans un lycée. On en parlait dans nos discussions mais c’était juste un truc caché sur lequel je ne devais pas savoir la vérité.
C’était vrai pour tout ce qui touchait au sexe. Ma mère m’a lassé avec les tampons parce qu’elle n’était pas sûre elle-même de leur emploi exact et de leur fonctionnement, et notamment leur rapport avec la virginité. Ma tante me venait en aide, mais elle aussi était vague, m’aidant seulement à comprendre les changements de mon corps mais pas sous leurs aspects sexuels.
J’ai appris ce que je devais savoir à l’école chrétienne (qui est vraiment passée sur les détails) et avec mes amies. Elles n’étaient pas d’une grande aide non plus. Ce qu’elles « savaient » était tout un tas de bêtises. Avant la fin du collège j’avais à peu près tout compris, et au lycée je faisais mes recherches moi-même !
Jusqu’à maintenant, ma mère et moi on ne parle toujours pas de sexe. La règle c’est « pas de questions / pas de réponses », mais je peux lui parler des garçons qui m’intéressent et de ceux avec qui je suis sortis. C’est une situation pratique, mais en même temps pleine d’avertissements.
Rien de tel avec mon père. On ne parle de rien de sexuel ou de féminin avec lui. C’est hors de question. Il me voit encore comme son petit ange et je pense que s’il me voyait différemment cela pourrait être destructeur pour tous les deux. Même si j’ai 20 ans !
Quant à suggérer l’abstinen aux adolescent(e)s, des cérémonies de bagues de pureté, je pense que c’est bien et noble. Mais les ados doivent comprendre les dangers mais aussi les raisons pour lesquelles les gens ont des relations sexuelles, et ce qu’il faut faire pour se protéger au cas où la situation devient trop passionnée.
Dire à un(e) adolescent(e) de s’abstenir parce que le sexe avant le mariage ce n’est pas bien ou que c’est un péché, ne l’empêche pas d’essayer. Dire à une adolescente que si elle a des relations sexuelles elle peut tomber enceinte ou attraper une IST (infection sexuellement transmissible) n’est pas suffisant non plus. Sa copine lui a probablement déjà dit que si elle utilise des préservatifs tout va bien, ou que si elle se trouve à un certain nombre de jours de ses règles, c’est sans risque.
Et s’il n’y a pas de préservatif ? Et si les règles (et pendant l’adolescence c’est souvent le cas) sont irrégulières ? Que se passe-t-il ? Les mauvaises informations peuvent causer bien des problèmes à une jeune fille, tout comme le manque d’information.
Les filles doivent savoir que la raison de se protéger, est que leur corps est sacré et que leur sexualité est quelque chose qui doit être chéri et préservé. Apprenez-leur à vivre libre de toute influence et par dessus tout à S’AIMER SOI-MÊME EN PREMIER !
Ce point est le plus difficile parce que beaucoup de filles n’ont pas d’amour-propre. Elles doivent avoir une bonne dose d’amour-propre et connaître leur valeur personnelle avant d’arriver cette période bizarre de leur vie. Après tout, il faut aussi comprendre qu’il y a des hormones qui entrent en jeu ici. Les hormones des ados deviennent folles et font comme bon leur semble.
Les adolescents, garçons comme filles pensent qu’ils sont amoureux toutes les deux semaines, et tous les jours ils veulent en savoir plus sur le sexe.
Donnez les vraies informations sur le sexe. Les dangers, les plaisirs, les mécanismes. C’est le seul moyen pour qu’ils puissent aborder les situations ayant rapport à la sexualité en toute connaissance de cause tout en étant certains de prendre les bonnes décisions. S’ils ont une relation sexuelle, peut être se sentiront-ils assez à l’aise pour en parler avec leurs parents et leur confier leurs sentiments qui en découlent.
Je pense que ces sont les formes du code du silence entre parents et enfants pendant les années au lycée qui font que tant de jeunes lycéennes retournent chez elles enceintes, et avec des problèmes que leurs parents ne sont pas prêts à affronter.
Je pense que c’est aux filles plus âgées de la famille ou àun mentor d’aider les plus jeunes à traverser cette période de leur vie. Il ne s’agit pas pour s’opposer aux idéaux ou aux normes de leurs parents ; il s’agit juste d’apporter les conseils pratiques d’une « grande sœur », qui peuvent être utilisés dans les situations quotidiennes concrètes.
Pas besoin de révéler sa vie sexuelle ou de faire part de toutes ses erreurs, mais il suffit juste d’apporter un climat de conversation ouverte sur le sexe dans la vie d’une jeune fille. Faites-lui savoir que quelqu’un est là pour la comprendre et écouter ses questions et impressions.
Et à propos de l’abstinence au lycée ? C’est une toute autre histoire. Il y a plus de filles vierges au lycée (notamment dans les lycées Noirs) que ce à quoi je m’attendais. On peut l’attribuer à la philosophie vieux jeu : le sexe, on n’en parle pas adopté par de nombreux de parents noirs. Néanmoins, j’ai connu des jeunes avec des parents très stricts, devenir complètement dépravés.