Du Sénégal au Mali : quand les agriculteurs se rencontrent


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Drapeau du Mali
Drapeau du Mali

En janvier dernier, un groupe d’éleveurs laitiers casamançais s’est rendu dans cinq villages maliens dans le cadre d’un projet de développement. A l’origine du projet, les associations Agriculteurs français et développement international et Vétérinaires sans frontières. Histoire d’une rencontre qui a changé les mentalités.

 » C’est l’expérience qui améliore notre vie « . Ce n’est pas un vieux proverbe chinois mais la révélation de Mamadou Fall Diao, éleveur laitier de Kolda en Casamance au Sud du Sénégal. En janvier dernier, Mamadou part au Mali avec huit autres paysans, pour une mission organisée par les associations Agriculteurs français et développement international (AFDI) et Vétérinaires sans frontières (V.S.F.). Objectif : rencontrer les paysans maliens, plus organisés, mieux équipés. Un périple de 10 jours pour appréhender de nouvelles techniques et surtout un  » esprit d’entreprise  » qui fait défaut en Casamance, encore déchirée par 20 ans de guérilla.  » Ce voyage nous a appris à nous réunir entre éleveurs, ici au Sénégal, souligne Mamadou Fall Diao. Il a sensibilisé les gens à la nécessité d’établir une politique agricole commune. « 

Aujourd’hui Mamadou produit à lui seul 20 à 25 litres de lait par jour contre 10 litres par le passé. Le village de Kolda a également doublé sa production pour atteindre 100 à 150 litres. Les agriculteurs ont rationalisé leurs élevages, de nouvelles cultures se sont développées comme celle du maïs et du mil. » Maintenant je peux nourrir toute ma famille. J’ai réalisé que chez nos voisins, la situation n’était ni pire ni meilleure que chez nous. Tout est une question de mentalité. « 

Instaurer la confiance

C’est précisément ce que tente de faire depuis dix ans Alain Colleuille, chef de projet au sein de V.S.F. en Casamance en collaboration avec Luc Digonnet de l’Afdi de Bourgogne Franche-Comté. Un voyage par an dans un autre pays africain, un à deux sur le territoire national ou dans les pays frontaliers.  » Nous essayons d’instaurer un climat de confiance entre les animateurs qui encadrent les missions et les paysans, explique Alain Colleuille. Nous arrivons souvent avec nos idées préconçues sans comprendre ni analyser la logique de développement local « . Pas si simple d’installer une poulie à un puits s’il n’y a pas d’entente préalable entre les paysans pour entretenir la poulie.  » Créer des associations de producteurs et d’éleveurs type G.I.E. est fondamental en Afrique, renchérit Luc Digonnet. Les échanges entre pays africains, de même culture, leurs permettent d’intégrer facilement les techniques. « 

Le système n’est pourtant pas sans failles. « La plupart des projets deviennent des no man’s lands parce qu’ on a misé au départ sur des agriculteurs peu motivés ». En Afrique de l’Ouest, la multiplicité des projets de développement a nui aux actions de l’Afdi et de V.S.F.  » Les agriculteurs ont été habitués à recevoir de l’argent pour des missions temporaires. Pour être ensuite livrés à eux-mêmes «  explique Alain Coleuille. Les deux associations, elles, conduisent des opérations au long cours afin de rendre les agriculteurs indépendants.

Preuve en est, la création de l’A.D.E., l’Association pour le développement de l’élevage en Casamance, constituée de techniciens salariés, administrée par des agriculteurs et présidée par un vétérinaire. Elle entretient un suivi des projets, enregistre les quantités de productions, tente de mesurer l’impact sur le taux de mortalité. Devenue autonome, l’A.D.E. passera en 2001 sous le statut d’O.N.G.

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