Du Maroc à la France : Othman Nasrou, un choix diversité pour le gouvernement ?


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Othman Nasrou
Othman Nasrou

Le 21 septembre 2024, Othman Nasrou, figure montante de la droite républicaine, fait son entrée dans le nouveau gouvernement français de Michel Barnier en tant que secrétaire d’État à la citoyenneté. À 37 ans, ce Franco-Marocain incarne une nouvelle génération d’élus, reflet de la diversité des parcours au sein de la République. Mais il est aussi la caution diversité d’un gouvernement qui penche très à droite.

Né le 13 juillet 1987 à Casablanca, au Maroc, Othman Nasrou a suivi un parcours éducatif entre deux rives de la Méditerranée. Ancien élève du prestigieux lycée Lyautey de Casablanca puis du lycée Sainte-Geneviève à Versailles, il intègre HEC Paris en 2007, dont il sort diplômé en 2012. La même année, le 25 juin, il est naturalisé français.

Rapidement, Nasrou se lance dans une carrière politique qui le voit devenir l’un des visages emblématiques de la Droite dans la région Île-de-France. Depuis 2015, il siège au conseil régional sous la présidence de Valérie Pécresse, où il occupe des responsabilités clés, notamment dans les domaines de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Sa capacité à comprendre les enjeux sociaux et à proposer des solutions concrètes en fait une figure incontournable du parti Les Républicains. Mais il fait partie de l’aile la plus dure du parti, proche de Bruno Retailleau, le nouveau ministre de ‘l’intérieur.

Une réussite décomplexée

Il déclarait en 2019dans une tribune sur l’Opinion : Je suis né au Maroc où j’ai été élevé dans une grande idée de la France, de sa littérature, de ses idées universalistes. De Jules Verne à Romain Gary, j’ai tout lu, tout dévoré. A 2 000 kilomètres de distance, j’ai été fasciné par le Général de Gaulle comme beaucoup de jeunes Français avant moi. Arrivé en France à 17 ans pour poursuivre mes études supérieures, j’ai fait tout mon cursus académique en croyant profondément à la méritocratie à la française. J’ai travaillé dur pour passer des concours sélectifs que je n’ai pas honte d’avoir réussis. J’ai pu prendre des responsabilités importantes comme étudiant et comme entrepreneur. Je ne voulais pas me contenter de « vivre en France » : j’ai fait le choix, conscient et volontaire, de devenir Français. Je me suis engagé en politique, pour rendre à mon pays d’adoption ce qu’il m’avait donné. Je ne renie pas mes origines dont je suis fier, mais je construis un parcours qui m’est propre, et que la France me laisse dessiner. De cela, je lui serai toujours reconnaissant.

Nasrou : nouveau secrétaire d’État à la citoyenneté

Comme secrétaire d’État à la citoyenneté, Othman Nasrou aura la délicate mission de répondre aux défis contemporains en matière de laïcité, de lutte contre la radicalisation et de renforcement des liens entre les différentes composantes de la société française. Sa nomination marque aussi un tournant dans la reconnaissance des parcours issus de la diversité. En tant que Franco-Marocain de confession musulmane, il symbolise une intégration réussie au cœur de la République. Il rejoint une autre franco-marocaine, Rachida Dadi qui est confirmée au ministère de la Culture et de la Communication.

Nasrou se réclame du libéralisme économique. Il n’hésite pas à prendre des positions tranchées, dénonçant ce qu’il perçoit comme des « étatistes irresponsables » au sein de son parti, « l’État nounou », « l’assistanat » et critiquant certains jeunes qu’il juge avoir « perdu le goût de l’effort ». Ces positions ont parfois suscité la controverse, notamment en raison de son propre parcours essentiellement politique.

Au sein du gouvernement, Nasrou veut renforcer la participation citoyenne, notamment à travers l’éducation civique et la valorisation des parcours d’engagement. Son parcours, du Maroc aux plus hautes sphères de l’État français est la caution diversité du nouveau gouvernement Barnier, qui avance sous l’œil bienveillant de Marine Le Pen et du Rassemblement National. Il lui faut maintenant confirmer qu’il pourra mener à bien ses réformes.

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