Du Maghreb au Golfe : l’art du henné entre au patrimoine mondial de l’UNESCO


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Henné © Bahrain Authority for Culture and Antiquities (BACA), 2022
Henné © Bahrain Authority for Culture and Antiquities (BACA), 2022

Une candidature historique portée par l’Algérie, l’Arabie saoudite, Bahreïn, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, la Mauritanie, le Maroc, Oman, la Palestine, le Qatar, le Soudan, la Tunisie et le Yémen

L’UNESCO vient de consacrer l’art du henné en l’inscrivant sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette reconnaissance historique est le fruit d’une mobilisation sans précédent qui a uni seize pays, du Maghreb jusqu’au Golfe, dans une candidature commune célébrant cet héritage millénaire partagé.

Tatouage au Henné au Maroc
Tatouage au Henné au Maroc

Le henné incarne bien plus qu’une simple teinture naturelle : il représente un art ancestral profondément enraciné dans les traditions arabes. Du Maroc au Yémen en passant par l’Algérie, la Mauritanie ou le Qatar, de génération en génération, les femmes se transmettent les secrets de la préparation de cette pâte aux propriétés tinctoriales, obtenue à partir des feuilles séchées et broyées d’un arbuste cultivé dans les régions chaudes. Les motifs complexes qu’elles dessinent racontent des histoires de célébration, de passage, de transmission et d’appartenance communautaire.

Le henné rejoint la calligraphie et la fauconnerie

Cette inscription vient enrichir un patrimoine culturel arabe déjà remarquablement représenté à l’UNESCO. La calligraphie arabe, reconnue en 2021, témoigne de l’art d’écrire transformé en expression artistique. L’art de la navigation traditionnelle sur les dhows perpétue la mémoire des routes maritimes historiques. La fauconnerie, patrimoine partagé entre plusieurs nations, rappelle les liens étroits entre l’homme et la nature dans la culture bédouine.

Le henné
Le henné

La force de cette candidature réside dans l’union exceptionnelle de seize pays qui, au-delà de leurs différences, ont reconnu dans le henné un puissant symbole culturel commun. Au-delà de sa dimension esthétique, le henné occupe une place centrale dans les moments les plus significatifs de la vie sociale. Lors des mariages, il orne les mains et les pieds de la mariée, symbolisant bonheur et prospérité. Pendant les fêtes religieuses, il devient signe de célébration et de partage. Ses vertus médicinales, reconnues par la tradition, en font également un remède naturel apprécié.

Une reconnaissance internationale

Cette reconnaissance internationale devrait insuffler un nouveau dynamisme aux communautés locales. Les artisanes spécialisées dans l’art du henné voient leur savoir-faire valorisé, tandis que le tourisme culturel trouve là une nouvelle source d’attraction. Des programmes de formation et de transmission se développent déjà pour assurer la pérennité de ces pratiques.

La préservation de cet héritage face aux défis de la modernité constitue désormais un enjeu majeur. Les centres culturels et les associations s’organisent pour documenter les différents styles régionaux et les techniques traditionnelles. Les nouvelles générations s’approprient cet art ancestral, le faisant évoluer tout en respectant son essence.

Masque Africamaat
Kofi Ndale, un nom qui évoque la richesse des traditions africaines. Spécialiste de l'histoire et l'économie de l'Afrique sub-saharienne
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