Muso Kunda est le seul musée dédié à la femme du Mali. Ouvert à Bamako sous l’impulsion de Mme Konaré, la femme du président malien, il met en lumière la condition féminine dans le pays. Petite visite guidée.
De notre envoyée spéciale à Bamako
Muso Kunda veut dire » du côté des femmes » et c’est le nom qu’Adame Ba Konaré, l’épouse du président malien, a choisi pour le musée qu’elle a créé à Bamako. Ce petit espace charmant possède une salle d’exposition permanente, un restaurant dont la verrière donne sur un carré de verdure très agréable et une salle de documentation axée sur les femmes.
Adame Ba Konaré a voulu ce musée comme » une ouverture sur l’univers des femmes, un espace d’échange, une école qui intègre, de manière vivante, leurs arts et leurs savoir-faire « . C’est pourquoi, après une rapide chronologie du droit des femmes au Mali, ce ne sont pas les héroïnes marquantes dans l’histoire du pays que le musée se propose de valoriser. Mais bien la femme au foyer, » celle dont on ne parle jamais « , » l’héroïne silencieuse de la vie des ménages, pleine de ressources et qui reste attachée à des tâches vitales pour la famille et toute la société « .
De l’utilité du tamis
C’est donc bien de la femme malienne contemporaine qu’il s’agit, même si une série de photographies anciennes montre les Maliennes telles qu’elles étaient au début du siècle. Sont exposés les objets de la vie quotidienne qu’ils soient traditionnels, et utilisés dans les campagnes du pays, ou plus modernes, se retrouvant sur les marchés et dans les foyers bamakois. Le musée passe en revue les différents fourneaux (malgache, sewa, en terre cuite, en fonte coloniale), contenants (notamment pour la conservation du lait, très important chez les Peuls), couteaux et tamis.
Particules fractionnées
Ces derniers sont d’ailleurs bien plus que des ustensiles. En effet, le broyage signifie la destruction de l’ordre naturel de la taille des grains et le tamisage a pour objectif de corriger ce désordre. Il est symbole de réorganisation car il remet ensemble les particules fractionnées.
Une large place est faite aux parures, bijoux et étoffes dont se parent les Maliennes. On découvre les modes vestimentaires des ethnies bobo, sénufo, bamanan, touareg ou dogon. Les mannequins sont eux-mêmes typés selon les appartenances ethniques, avec les traits caractéristiques des Peuls, des Bozos ou des Khassoukés. Une autre façon de voir la femme.
Musée de la femme, Muso Kunda. Rue 161, route de Fadjiguila. BP 9055
Bamako. Tél : 00 223 24 06 90/24 06 81.
Pour en savoir plus :
Chronologie du droit des femmes au Mali
15 juin 1939 : le décret Mendel subordonne la validité du mariage au
consentement de la jeune fille
30 octobre 1946 : sont électeurs et éligibles les citoyens des deux sexes
quel que soit leur statut, après leurs 21 ans révolus. Les droits de la
femme sont égaux à ceux de l’homme.
1951 : avec le décret Jacquinot, la jeune fille de 21 ans peut choisir son
mari malgré l’opposition des parents.
3 février 1962 : le code du mariage et de la tutelle est établi.
Constitution du 25 février 1992 : proclame sa détermination à défendre les
droits de la femme.
27 août 1992 : la femme a désormais le droit de tenir un commerce sans le
consentement de son époux.