
Sous le choc d’une surtaxe douanière record imposée par les États-Unis, Madagascar se mobilise dans l’urgence diplomatique et économique. Avec un droit de douane de 47% sur ses exportations vers le marché américain, la Grande Île, deuxième pays africain le plus pénalisé après le Lesotho. Elle voit ses filières vanille et textile menacées.
L’heure est à la négociation pour éviter une crise sociale majeure.
Une taxe inattendue qui gèle les exportations malgaches
Depuis ce 9 avril, les opérateurs malgaches doivent faire face à un droit de douane prohibitif de 47% sur leurs produits exportés vers les États-Unis. Une taxe brutale, appliquée dans le cadre d’une politique commerciale américaine ultra-protectionniste. Celle-ci n’a laissé ni le temps de se préparer, ni d’anticiper. Résultat : les commandes en provenance des États-Unis sont suspendues, voire annulées. La situation plonge les exportateurs dans l’incertitude et fragilise des milliers d’emplois. Le secteur du textile, déjà sous tension, redoute un effondrement de ses carnets de commandes.
Réunion de crise à huis clos avec l’ambassade américaine
Face à cette situation critique, une réunion de haut niveau s’est tenue lundi à huis clos entre les ministères malgaches concernés, la direction des douanes, les opérateurs économiques et l’ambassade des États-Unis. Le but : exposer l’impact de la taxe et formuler une réponse cohérente et concertée. Si les échanges ont été jugés constructifs, les participants gardent le silence médiatique. Tous les regards se tournent vers David Ralambofiringa, ministre du Commerce et de l’Industrie, pour conduire les pourparlers.
Vers une négociation bilatérale avec Washington
Le gouvernement malgache, en coordination avec les ministères des Finances et des Affaires étrangères, s’apprête à transmettre une réponse officielle à la Maison Blanche. Le but immédiat est d’obtenir un moratoire sur l’application de la taxe, au moins pour les cargaisons déjà en mer. Autre incertitude : la compatibilité de ces nouvelles taxes avec l’accord commercial Agoa (African Growth and Opportunity Act), qui favorisait jusqu’alors les exportations africaines vers les États-Unis.
Quels leviers pour Madagascar ?
Madagascar ne part pas sans atouts. Le pays dispose d’une expérience de partenariat économique avec l’Union européenne, et pourrait proposer un accord similaire à Washington. Le directeur général des douanes, Ernest Zafivanona Lainkana, évoque également l’utilisation de ressources stratégiques comme les minerais dans le cadre de négociations bilatérales. Mais les discussions devront respecter les règles strictes de l’Organisation mondiale du commerce.
Un moment décisif dans un climat mondial tendu
La surtaxe malgache s’inscrit dans un contexte mondial de guerre commerciale relancée par l’administration Trump. Alors que la Chine subit plus de 100% de droits de douane, d’autres pays en développement comme le Vietnam (46%) ou le Bangladesh sont également ciblés. Les États-Unis justifient ces mesures par une prétendue réciprocité, bien que la réalité montre des déséquilibres flagrants. Pour Madagascar, l’enjeu dépasse le simple ajustement fiscal : il s’agit de préserver la stabilité économique et sociale d’un pays déjà sous pression.