Droit de réponse du député-maire Alain Bénisti


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Suite à l’article « La délinquance est le fait des immigrés », publié le 15 mars dernier sur Afrik, Monsieur Alain Bénisti, député du Val-de-Marne et maire de Villiers-sur-Marne (France), qui nous avait accordé l’interview, a tenu à utiliser son droit de réponse. Il estime qu’Afrik a travesti sa pensée et ses propos. Il entend rétablir ici ses vérités.

Réponses de M Bénisti, Député du Val-de-Marne, à l’article intitulé « la délinquance est le fait des immigrés » publié sur le site Afrik.com le 15 mars 2005

Je tiens à vous faire part de ma surprise à la lecture de l’article que vous avez publié sur votre site, suite à l’interview que j’ai accordé à l’un de vos journalistes. Il semblerait que mes propos aient été mal transcrits et je souhaiterais rétablir quelques vérités. Encore une fois, que vous fassiez des commentaires sur mon pré rapport, c’est votre droit, mais vous déformez mes réponses ce qui n’est pas tolérable.

Je commencerai par le titre, que vous écrivez entre guillemets, sous-entendant qu’il s’agit de mes propos, ce que je le réfute. Vous insinuez par là que l’idée centrale du pré-rapport est la stigmatisation des immigrés et c’est faux. Celui-ci est composé de comptes-rendus d’auditions qui mettent en avant les causes de dérapage dans la délinquance. Le problème de la maîtrise de la langue française, lui, c’est vrai, s’adresse aux populations issues de l’immigration, mais ce n’est pas la seule cause.

Les travaux menés par la Commission prévention du groupe d’études sur la sécurité intérieure ont pour seul objectif d’apporter des solutions qui puissent aider les jeunes qui ont des difficultés (quelles soient scolaires, sociales, familiales, personnelles…). et là, nous parlons de tous les jeunes, y compris ceux issus de l’immigration, mais pas seulement ceux là.

Fort heureusement, seule une petite minorité de notre jeunesse bascule dans la délinquance. Bon nombre de jeunes et en particulier ceux issus de l’immigration, réussissent de manière remarquable dans notre société, que ce soit dans des domaines scolaires, économiques, sportifs… C’est d’ailleurs le cas dans ma ville. J’ai aidé plusieurs jeunes à concrétiser leurs projets et j’en ai aidé d’autres dans leurs parcours professionnel. Nous avons également mis en place, pour les adolescents, des cours de soutien pour les devoirs et des cours d’alphabétisation pour les parents. Nous aidons aussi plusieurs associations dans le suivi et l’aide à l’intégration sociale et professionnelle, pour la régularisation des papiers et dans leur intégration dans la ville. Pourquoi ne pas avoir repris ces points positifs énoncés lors de l’entretien avec votre journaliste ?

Pour autant, nous devons nous pencher sur ce problème, et non sur ses causes, pour y trouver des solutions. Les raisons qui poussent certains jeunes dans la délinquance sont complexes. Là où vous croyez que je stigmatise, en fait je propose des solutions qui tentent de répondre aux difficultés que nous rencontrons tous les jours dans nos quartiers, dans nos communes, et notamment à celles des jeunes issus de l’immigration. Ils sont plus fragiles et ont longtemps été laissés au banc de notre société qui n’a pas su, jusqu’à maintenant, réussir ses politiques d’intégration.

Lorsque je propose de « mieux connaître notre langue pour mieux s’intégrer », cela ne veut pas dire que ceux qui la maîtrisent mal soient des délinquants, le laisser sous entendre est soit de la maladresse, soit de la malveillance.

Vous sous entendez, dans les propos que vous m’attribuez, que je préconise de « supprimer le bilinguisme pour supprimer la délinquance » : c’est faux. Bien au contraire. Ce n’est pas parce que l’on ne parle pas le français que l’on devient délinquant ! Je propose d’aider les jeunes qui en ont le besoin, à mieux parler le français afin de les aider dans leur insertion scolaire, sociale et professionnelle. Il ne s’agit pas de nier ses origines. Le bilinguisme est nécessaire mais ne parler que la langue de son pays d’origine est nuisible à une bonne intégration dans la société.

Il est mis l’accent sur un prétendu lapsus selon lequel j’aurais dit « bamboula » pour parler du « bambara ». Ce lapsus je le réfute et il n’engage que le journaliste qui l’a écrit. Toutefois ses conséquences sont graves et laissent à supposer que je fustige certaines communautés en les dénigrant : c’est encore faux. Il n’y a pas de méchants ou de gentils dans telle communauté et pas dans telle autre ! Je suis convaincu que vous n’avez pas voulu volontairement me faire tenir ce genre de propos qui n’aurait eu pour seul but que de discréditer l’ensemble des propositions que nous avons faites, en les tournant en dérision et en les caricaturant à l’extrême.

Il est dangereux de caricaturer des propos dans des domaines aussi sensibles. Je ne connais pas de parents qui souhaitent à leur enfant de devenir délinquant ! Et on ne devient pas délinquant par choix, un matin, comme on choisit un métier. On devient délinquant par dépit, par rejet des autres ou suite à des échecs (scolaires, familiaux, économiques, environnementaux…).

Une certaine presse tente de me faire passer pour ce que je ne suis pas. Depuis que je suis Maire de Villiers-sur-Marne, je pense avoir fait la preuve du contraire et l’avoir prouvé par les actions concrètes que j’ai mises en place jusqu’à présent pour pallier aux difficultés d’intégration rencontrées par les Villierains. Ces derniers le savent et n’ont pas compris les propos que vous m’attribuez.

Je sais qu’il s’agit d’un sujet sensible qui cristallise beaucoup de craintes, mais mon propos n’est pas là. Il se veut constructif, positif et avant tout préventif. Il me semble qu’il est temps, après les lois répressives indispensables qui ont été votées, de créer une vraie politique de prévention digne de ce nom qui soit un outil efficace d’aide pour notre jeunesse qui se sent parfois délaissée et abandonnée par notre société.

C’est pourquoi, je ne peux que déplorer l’aspect partisan, les confusions et les raccourcis simplistes qui tentent de diaboliser mes propos en les détournant. Non, je ne suis pas de l’extrême droite, je suis au contraire un démocrate, attaché à notre République et à ses valeurs, qui tente d’inverser la spirale de la délinquance par des mesures préventives et non pas seulement répressives. Car, lorsque l’on en arrive aux mesures répressives il est déjà trop tard pour faire de la prévention.

Jacques Alain Bénisti
Député du Val-de-Marne
Maire de Villiers-sur-Marne

Lire aussi : Bilinguisme et délinquance : le rapport Bénisti

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