Drague au Cameroun : les femmes prennent les choses en main !


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Deux mains qui forment un coeur
Deux mains qui forment un coeur

«Quel derrière bien emballé!», «Ma fille tu as de beaux lolos», voici quelques uns des compliments sur lesquels les Camerounais comptent pour attirer l’attention des femmes dans la rue. Entre blagues et drague, il arrive que l’on s’y perde un peu en matière de séduction. Sauf les femmes. Elles se font de plus en plus belles et n’hésitent pas à faire le premier pas.

Notre correspondante à Yaoundé

Les Camerounais utilisent les méthodes les plus diverses pour draguer où qu’ils se trouvent. Dans la rue, certains, les plus courageux, n’hésitent pas à prendre par le bras une femme qui leur a fait de l’effet. Tandis que d’autres, plus discrets ou timides, la suivent pour lui dire quelques mots doux ou lui demander son numéro de téléphone. Mathieu est un habitué de la drague en pleine rue. Il est vendeur dans une rue grouillante de la ville de Yaoundé appelée Avenue Kennedy. « Lorsque j’ai une femme devant moi, je n’hésite pas à lui dire qu’elle me plaît si c’est le cas. Les réactions sont souvent inattendues. Il m’est arrivé de rencontrer de jeunes filles qui m’ont donné leur numéro de téléphone. Mais très souvent, je tombe sur des femmes très difficiles voire froides alors je n’insiste pas !»

Les femmes à l’attaque

Pourtant, elles sont nombreuses ces femmes qui se font belles pour aguicher. Thérèse, 51 ans, travaille dans une école de formation professionnelle. Avant de sortir chaque matin, elle prend tout le temps nécessaire pour se faire belle. « Quand je me regarde dans un miroir, si je fais un pas, il faut que je ressente moi-même l’effet que je peux avoir sur les autres. Surtout les hommes, je sais alors que je suis belle et je me sens vivre.» Mariée depuis de nombreuses années et après plusieurs maternités, elle tient à rester belle et à séduire son mari comme au premier jour. Plus qu’une affaire de coquetterie, c’est une question de bien-être. « Je prends soin de moi. Je fais du sport, du sauna, des massages, de la pédicure, de la manucure, bref tout ce qui peut me rendre séduisante».

Sarah et Loïc sont mariés depuis deux ans et c’est elle qui a fait le premier pas. «J’ai été séduite par l’expression de son visage. J’aime les hommes qui ont de la personnalité. Quand je l’ai vu, je suis allée vers lui et je lui ai dit je te veux. Et je l’ai eu! », raconte Sarah. Aujourd’hui, elle continue de se faire belle pour lui plaire mais aussi pour plaire à d’autres… Tout se passe dans le regard. «Je regarde un homme longtemps, s’il baisse les yeux avant moi, alors, je comprends que je peux l’avoir. Je fonce. Et en général, ça se passe bien.» Elle n’hésite pas à recommencer souvent pour s’assurer qu’elle peut encore séduire, avoir de l’effet sur d’autres hommes. «Quand je passe toute une journée au bureau, avant de rentrer le soir, je me fais une petite beauté et je vais prendre un pot dans un snack, pour m’amuser un peu, pour draguer» avoue-t-elle en souriant.

Sois coquette et tu seras courtisée, ma fille !

Michelle est de la trempe de Sarah. Comme cette dernière, elle n’hésite pas à faire le premier pas quand un homme lui plaît. Elle lui déclare sa flamme même si cela ne marche pas. «Au moins, je me sens libérée d’un poids», dit-elle. «Nous ne sommes plus à l’époque de nos grands parents où il revenait à l’homme de faire la cour à la femme.» Au quotidien, elle prend soin d’elle. Car dit-elle, il ne faut pas que «son homme» aille voir ailleurs ce qu’elle peut lui offrir. «Une femme qui n’est pas attirante, c’est n’importe quoi ! Autant je suis exigeante envers les hommes qui me plaisent, autant, je suis exigeante envers moi-même! », insiste-t-elle. Tout y passe. Soins de visage, pédicure, manucure, coiffure, achat de nouvelles tenues, perles aux reins, chaînes aux pieds, mini-jupes, tenues aguichantes, culottes… tout est bon pour séduire et faire de l’effet, dans la rue comme à la maison.

De son côté, Edwige déteste draguer. «Je préfère étouffer ce que je ressens pour un homme, je suis même prête à mourir pour ne pas déclarer ma flamme à un homme! C’est un peu africain. Ça dépend aussi de l’éducation reçue, mais c’est ainsi!» Se faire belle pour soi-même et pour séduire pourquoi pas, mais jamais draguer un homme. C’est son principe. «J’aime être coquette, me sentir bien dans ma peau. Je présume qu’il y en a à qui ça fait un effet et d’autres que cela laisse indifférent, mais je me fais belle pour moi et je me dis je vais certainement plaire à quelqu’un», confie-t- elle.

Des lieux de prédilections et des techniques peaufinées

Dans l’imagerie populaire au Cameroun, les «chantiers et circuits» (restaurants en plein air ) sont les lieux par excellence de drague. Devant du poisson ou du poulet braisé et une bière, les plus timides prennent du courage pour déclarer leur flamme. Pour les autres, la rencontre est une question d’instant. Elle peut se faire dans un taxi, sur un banc d’école, dans un stade de football, au marché, lors d’un deuil…

Pour Benoît, tout dépend de l’endroit où il rencontre la femme et de son tempérament du moment. Les mots viennent en fonction des situations et de l’environnement. Fan de Robert de Niro, qui pour lui est un as de la drague, il dit très souvent s’inspirer des techniques et belles paroles de l’acteur de cinéma. À condition que la femme « soit naturelle, noire (pas dépigmentée), sans trop d’artifices». Il déploie alors tout son art. «Les femmes ont besoin de rêver. J’utilise les paroles, les mots qui font rêver. C’est une corruption morale mais c’est une technique qui marche encore. De belles paroles, de belles promesses, cela fait partie du rêve…et parfois ça marche!»

La dépigmentation, un repoussoir pour les Camerounais

Alphonse, quant à lui, considère que le regard comme la première arme de séduction. «Moi je regarde longtemps la femme que je veux séduire et si elle cligne des yeux avant moi, alors je vais vers elle, je lui fais des compliments. Puis je l’invite à dîner ou à déjeuner.» Il s’agit d’une sorte d’attaque chez lui, une entrée en jeu, et le reste vient tout seul. Cependant, sa drague est réservée «aux femmes noires ébène» qu’il aurait rencontré dans un lieu précis. Il n’est pas question, pour lui, de draguer une femme dans la rue.

Thierry s’est rappelé de son passage au séminaire avant d’adopter sa devise en matière de drague. « Chaque lieu de la vie est un endroit où on peut rencontrer la personne de sa vie.» Il ne fait donc aucune fixation sur le lieu de la rencontre. Toutefois, comme Alphonse et Benoît, Thierry déclare aimer «les femmes au teint bien noir et sans artifices Une poitrine lourde qui lui rappelle celle de sa mère et un physique agréable à la vue». Lui-même s’impose une certaine «fraîcheur», nécessaire pour séduire les femmes avec panache.

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