Donner sa chance à la femme arabe


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Le Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche, le CAWTAR, basé à Tunis, publie un rapport sur le développement de la femme arabe. Intitulé Mondialisation et genre : participation économique de la femme arabe, il s’intéresse à la place des femmes arabes dans le monde du travail. Entretien avec sa directrice, Soukeina Bouraoui.

Soukeina Bouraoui, première femme agrégée d’Afrique du Nord, est professeur de droit.

Après avoir créé le premier centre de recherche sur les femmes en Afrique du Nord (CREDIF), elle dirige depuis deux ans le CAWTAR, le centre de la femme arabe pour la formation et la recherche.

Afrik : Pourriez-vous dresser un tableau général de la situation des femmes dans le monde arabe ?

Soukeina Bouraoui : Tout d’abord, il faut préciser que la situation des femmes dans le monde arabe est plurielle. Il existe d’énormes différences entre elles car elles reflètent la diversité du monde arabe. Leur principal point commun est d’appartenir à une culture très imbriquée avec les religions. Et je ne parle pas seulement de l’islam mais aussi des autres religions minoritaires. Dans l’ensemble, le pourcentage de femmes arabes qui travaillent se situe entre 25 et 30%, chiffre auquel il faut ajouter celles qui appartiennent au secteur informel. C’est un des taux les plus faibles du monde !

Afrik : Dans quels secteurs du monde du travail retrouve-t-on les femmes arabes ?

Soukeina Baraoui : Au niveau de la participation économique des femmes, la majorité d’entre elles travaillent dans des secteurs traditionnels. Notamment dans des activités liées à l’éducation, la santé ou dans les services sociaux. Beaucoup de femmes travaillent également dans le secteur public, où les droits des femmes sont mieux protégés.

Afrik : Quelle place trouvent-elles face à la mondialisation ?

Soukeina Bouraoui : La globalisation ne profite pas au monde arabe. Il y a donc peu d’opportunités dans les secteurs porteurs de la mondialisation, comme les hautes technologies ou le monde de l’information, pour les hommes comme pour les femmes. Mais les femmes sont encore moins équipées que les hommes pour y trouver du travail.

Afrik : Que préconisez-vous afin d’améliorer cette situation ?

Soukeina Bouraoui : Le rapport du CAWTAR fait trois recommandations. Tout d’abord, les marchés de l’emploi arabes doivent s’ouvrir à la dimension du genre, être sensibles aux difficultés des femmes. Dans les législations et les programmes, les décideurs doivent être volontaristes et chercher à faire entrer les femmes dans le monde du travail avec une chance égale aux hommes. Ensuite, il faut donner aux femmes les qualifications requises, des formations moins traditionnelles et plus qualifiantes, et renforcer les contrôles du marché du travail. Enfin, il est indispensable de renforcer les structures de la société civile, les associations, les syndicats, les médias et de sensibiliser les décideurs.

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