Dominique Cros est photographe. Ce petit bout de femme bourré de talent a montré à Afrik.com son dernier travail sur la communauté maghrébine en France.
Dominique Cros a un très beau parcours photographique. Après les Beaux Arts de Paris, elle entre en photographie, avec comme premier » parrain » le grand – très grand – Henri Cartier-Bresson. Elle travaille avec lui à la préparation de l’exposition » Chine » dans les années 70 et fera le même travail avec Marc Riboud et Joseph Koudelka. Que des pointures.
Après un petit tour chez Magnum, elle devient indépendante. Ses travaux personnels l’amènent à faire des reportages sur les écoles rurales en Provence, puis dans le Calvados. Son dernier travail, initié par l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris la plonge au coeur des banlieues parisiennes, dans l’univers de la communauté maghrébine. Alors qu’elle a déjà de nombreux clichés, l’IMA la lâche pour » manque d’esthétisme « . Et pourtant… Lorsque l’on se trouve face aux photographies de Dominique, l’émotion est là, sans fard.
Elle décide alors de continuer seule sa quête : » Très vite, j’ai été accro « . De 1995 à 1999, elle photographie la communauté maghrébine en France. Un thème sur lequel elle travaille encore aujourd’hui. Elle compte d’ailleurs donner naissance prochainement à un livre dans lequel ses modèles auront la parole : une série d’interviews accompagnera les photos.
D’ores et déjà, Dominique a exposé son travail sous le titre » Bled d’ici « , au centre culturel Chapelin de Mantes-la-Jolie en 1999, ce qui a permis selon elle » de faire vivre une vraie réflexion autour de la question des maghrébins en France « .
La famille de Zohra
La rencontre avec la famille de Zohra à Villeneuve-la-Garenne a été le » déclencheur « . » Ce fut mon premier contact avec l’univers des jeunes maghrébins, et avec la banlieue « . Une banlieue qui a été pour la provinciale habituée aux paysages campagnards » un véritable choc, à tous les niveaux « . Un choc visuel avant tout, qui se retrouve dans ses photos très graphiques des tours de HLM de la banlieue parisienne. Peu à peu elle apprend à composer avec l’environnement banlieusard : » paradoxalement, je lui trouve du charme maintenant. Avant, j’avais l’impression d’avoir les yeux déshydratés « .
Au fil du temps, la confiance s’installe entre la photographe et la famille de Zohra, sur laquelle elle fera ses premières armes. Scènes de fêtes, de repas en famille, de mariages, d’intimité… Dominique effleure de l’objectif les scènes de la vie ordinaire de cette famille attachante.
La porte du Maghreb
Puis Dominique part à Marseille, » la porte du Maghreb « . Au gré des rencontres de rues, des sourires échangés et des complicités naissantes, elle reprend son travail. Le contact avec les Maghrébins de Marseille est rapide, pourtant Dominique avoue : » la rue devient difficile, les gens sont méfiants. En tant que photographe c’est très frustrant, car la rue c’est le lieu des images spontanées « .
Obstinée, elle quadrille le quartier marseillais de l’Estaque. Et sur ses clichés, on est plus près du bled que de la ville occidentale. Dominique Cros lève un coin de voile sur cette communauté souvent décriée : des mosquées de Mantes-la-Jolie aux masures de l’Estaque, la photographe suggère en douceur la fraternité, mais aussi le déracinement ; la chaleur, mais aussi la solitude.