Docteur H est un auteur, interprète, producteur et compositeur français d’origine béninoise. Il évolue à cheval entre le chant et le rap. Une orientation musicale qui s’explique par son attachement au rap français, le hip hop old school, le reggae et les sonorités plus latino. Sa musique mélange les genres passant ainsi de textes engagés, comme No Mercy pour défendre les artistes indépendants, à des musiques plus festives comme Pasión, son premier single aux sonorités estivales.
Après la sortie de son premier album « Padre Mio », celui que l’on considère comme un globe-trotteur, en raison de ses multiples voyages entre l’Amérique Latine, l’Afrique et les Caraïbes & multilingue (anglais, français et espagnol) a accepté de répondre aux questions d’AFRIK.COM. Dans cet entretien à cœur ouvert, Docteur H est revenu notamment sur ses débuts dans la musique, ses perspectives d’avenir et ses relations avec l’Afrique.
Entretien
AFRIK : D’entrée de jeu, pourquoi avoir choisi “Docteur H” comme nom d’artiste ?
Docteur H : Le « H » c’est pour mon prénom Harris, n’allez pas imaginer autre chose… J’ai choisi « Docteur » parce que ma mère a toujours voulu qu’un de ses enfants devienne médecin. Malheureusement, on n’a pas suivi cette voie-là, donc c’est pour lui faire un petit clin d’œil vu que je soigne les « maux » des gens avec mes « mots ».
Pouvez-vous revenir sur vos débuts dans la musique ?
C’est à partir de l’âge de 13 ans que j’ai commencé à écrire mes premiers textes et j’ai continué ainsi au fil des ans, tandis que j’étudiais la finance. J’ai commencé une carrière dans la Banque d’investissement où j’ai travaillé notamment sur des projets de développement en Afrique.
C’est à la suite de la perte d’un être cher, en 2016, et après une rencontre marquante avec le pianiste et fondateur du studio Hedayat Music, à Paris (qui a arrangé les sons de l’album) que j’ai eu le déclic qui me manquait. Je souhaite désormais, plus que tout, continuer à partager mes textes, ma musique et mes émotions avec le grand public…
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De quels succès êtes-vous le plus fier dans votre carrière ?
Mon concert en 2020 dans la salle mythique du Zèbre de Belleville, à Paris, et celui du B45 en 2021, alors que j’étais entouré d’artistes et de musiciens de talent, avec un public en folie. C’était à la fois pour moi une grande fierté et un peu stressant car j’avais mes 2 fils de 4 et 8 ans dans le public… Imaginez la pression !
Parlez-nous un peu de votre premier album « Padre Mio »
« Padre Mío » est un album de 11 titres en anglais, français et espagnol dans un style pop urbain mélangeant reggae, reggaeton, variété internationale et rap. En résumé, c’est un album international, avec des messages d’espoir pour la jeunesse et une musique qui donne la pêche. On en a besoin en cette période de pandémie.
Certains titres comme « Padre Mío » sont très personnels, c’est un hommage à mon père décédé d’un cancer, en 2020. Dans ce titre, je lui dis les choses que je n’ai pas eu le temps de lui dire de son vivant. D’autres titres sont engagés comme « No Mercy » où je prends la défense des artistes et producteurs indépendants comme moi, qui ont du mal à passer dans les médias de masse, à faire connaître leur musique au grand public… Je lance quelques Punchlines au passage aux Majors, à l’heure de l’Uberisation de la musique. Il y a également des morceaux plus festifs comme « Pasión » dans le style pop latino de mes premiers singles sortis en 2019 et 2020 (Señorita, K.O, Talentosa, Dangereuse Idylle). Sans oublier une reprise reggae du tube d’Adèle « Someone Like You », que je recommande d’ailleurs au public d’AFRIK.COM.
Quels sont vos prochains objectifs ?
J’espère pouvoir faire de plus grandes scènes ou des festivals d,’ici l’été prochain, et pourquoi pas en Afrique. Je prépare également la sortie d’une nouvelle reprise reggae originale d’un tube mondial, début 2022, donc stay tuned…
Quels liens entretenez-vous avec l’Afrique ?
Je suis d’origine béninoise, j’ai passé une partie de mon adolescence entre le Bénin, le Nigeria et le Sénégal. Donc pour moi, l’Afrique c’est ma base, mes origines, la famille en quelque sorte !
Quel est votre genre musical de prédilection et pourquoi ?
Je suis fan de l’âge d’or du rap français, du hip hop old school US en général et du reggae depuis ma plus tendre enfance. J’ai mixé tout ça dans ma musique et ça donne un cocktail plutôt original à déguster, sans modération bien sûr !
Que répondez-vous à ceux qui vous considèrent comme un globe-trotteur ?
C’est vrai. J’ai eu la chance de beaucoup voyager et j’aime les langues étrangères (comme mon père avant moi) donc ma musique est à l’image de mes voyages en Europe, Amérique Latine, Amérique du Nord et Afrique bien sûr.
S’il fallait retenir une seule chose, que doit-on connaître de Docteur H ?
Mes clips. En 2018, c’est un voyage en Colombie qui inspire à ma musique des sonorités plus latino & reggaeton. Souhaitant à tout jamais marquer ce voyage, j’y ai tourné le clip de « Señorita » à Guatapé, un village à 2 heures de Medellĺn, en Colombie, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. J’y ai découvert des paysages magnifiques, des artistes talentueux et des gens chaleureux, loin des clichés des « Narcos ». En 2019, j’ai décidé d’y retourner pour tourner mon deuxième clip « K.O », un mini film réalisé par Juan Pablo Daguer et produit par Callelarga films. En 2020, « Dangereuse Idylle » a été tourné en télé-direction entre la Colombie et la France, dans des conditions exceptionnelles, en pleine pandémie. C’est un mélange de musique électro, afro et hip-hop avec un clip dans un style opéra postmoderne, un brin parodique avec des personnages de la mythologie grecque dansant sur des sonorités électro.
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