L’accord de Défense entre la France et Djibouti, qui date de 1977, a été modifié dans ses dispositions économiques. Paris devra désormais débourser 30 millions d’euros, au lieu de 18 habituels, pour maintenir des troupes dans ce pays situé à l’entrée de la Mer Rouge, entre l’Afrique et la péninsule arabique.
Djibouti offre une vue imprenable sur l’une des zones géographiques les plus sensibles de la planète. A la faveur d’un accord de Défense avec la petite République (23 200 km², 550 000 habitants) datant de 1977, la France maintient sur le sol de son ancienne colonie l’un de ses plus importants contingents expatriés. L’accord n’avait jamais été révisé. Comme tout bon propriétaire, le gouvernement djiboutien a décidé récemment de revoir le bail de son plus vieux locataire. Depuis fin avril, la France doit payer un loyer de 30 millions d’euros à Djibouti pour maintenir 2 750 hommes sur place, au lieu de 18 millions auparavant.
65% du budget national
En juin 2002, déjà, le Président Ismaël Omar Guelleh avait émis l’idée d’une révision de l’accord de Défense franco-djiboutien, » surtout du côté des retombées économiques « . Une proposition qui avait fait sursauté l’opposition. Cette dernière craignait la réaction de l’ancienne puissance coloniale, dont l’impact économique à Djibouti est estimé pour l’année 2001, par l’armée française, à environ 128 millions d’euros. Soit 25% du Produit intérieur brut (PIB), ou encore 65% du budget du pays.
En février dernier, les autorités djiboutiennes sont revenues à cette idée et ont demandé de revoir à la hausse le prix des bases qu’elles concèdent à la France. L’accord finalisé fin avril ne concerne pas les autres aspects de la coopération militaire et de l’aide au développement entre les deux pays. Dans le cadre desquelles la France octroie des bourses d’études, détache des assistants dans l’enseignement supérieur, la santé et la formation des militaires djiboutiens. Une contribution évaluée à 25 millions d’euros.
Un nouveau locataire
La conjoncture internationale, depuis les attentats du 11 septembre, a augmenté l’importance géostratégique de la République d’Afrique de l’Est. Du coup, Djibouti en a profité pour céder un terrain en bordure d’aéroport pour 31 millions de dollars aux Marines américains, qui mènent dans la sous-région leur chasse aux terroristes. L’unité américaine de lutte contre le terrorisme international était jusque-là basée sur le Mount-Whitney, un navire qui croisait au large, dans le Golfe d’Aden et l’océan Indien. La semaine passée, George W. Bush a ordonné à l’Etat-major basé sur le navire de rejoindre la terre ferme.