Depuis novembre, au lendemain des attentats de Paris, toute manifestation est interdite à Djibouti pour des raisons de sécurité, étant donné que la France a ses principales bases militaires dans le pays et qu’elle est visée par le terrorisme. En attendant, 38 membres de l’opposition sont toujours emprisonnés et tous ceux qui tentent de contourner la mesure sont violemment réprimés.
La répression contre l’opposition prend de l’ampleur à Djibouti, surtout depuis que toute manifestation est interdite pour deux mois pour des raisons de sécurité. Une mesure prise le 25 novembre, au lendemain des attentats de Paris du 13 novembre. Le pouvoir a estimé qu’étant donné que la France avait ses bases militaires dans le pays, et qu’elle est visée par le terrorisme, il est trop dangereux de permettre rassemblements dans la rue.
Seulement, la répression est croissante contre les membres et dirigeants de la coalition USN, regroupant la majorité des opposant du pays, soupçonnés de vouloir organiser des rassemblements. Selon le représentant de la coalition en France, Maki Houmed-Gaba, qui s’est confié à Afrik.com, « au moins 38 militants de l’USN et simples sympathisants sont détenus entre les prisons de Gabode et Nagad à Djibouti-ville depuis le décret du 25 novembre 2015 interdisant tout rassemblement pendant deux mois pour mesure de sécurité, de nouvelles arrestations ont lieu ».
« Le pouvoir joue avec l’opposition »
« Le pouvoir est en train de jouer avec l’opposition pour gagner du temps par rapport à l’élection présidentielle de 2016 », estime Maki Houmed-Gaba, qui dénonce une dérive du pouvoir qui « prétend appliquer cette nouvelle mesure pour en réalité réprimer les opposants et laminer l’opposition ». Selon lui, « le jeudi 10 décembre 2015, en matinée, des agents de police accompagnés par le colonel Abdilalhi Abdi Farah, directeur général de la police djiboutienne, ont attaqué violemment et molesté les députés USN Ismael Assowé et Said Houssein Robleh à l’intérieur du restaurant-café L’Historil, à la place Ménélik. Motif ? L’intention qui leur est prêtée, celle d’une rencontre prévue avec des militants de l’USN en fin de matinée !»
Durement frappés sur la tête, « ils ont été d’abord détenus au centre de Nagad puis dépêchés à l’hôpital militaire Bouffard pour recevoir des soins urgents, notamment des bandages sur le crâne », explique le représentant de la coalition en France. « Le même jour, 10 décembre, explique-t-il, les forces de police ont investi la région de Tadjourah dans le nord de Djibouti et effectué une fouille sur de dizaines de citoyens afin d’empêcher les préparatifs d’une tournée de l’USN programmée dans cette ville et intimider les éventuels participants. Sans compter que dimanche matin 13 décembre, une nouvelle vague d’arrestations anti-USN s’est abattue sur les opposants, menée conjointement par la police et la gendarmerie ».
Série d’arrestations
Le responsable déplore aussi que « le Secrétaire général de l’USN, Abdourahman Mohamed Guelleh, ait été arrêté à son domicile par des agents de la police nationale et détenu une heure au commissariat du 2ème arrondissement de la capitale. Il a été libéré après la visite au commissariat d’une délégation du Haut-Conseil de l’USN conduite par le vice-président de l’USN, Omar Elmi Khaireh venu s’enquérir des raisons de cette interpellation. Le motif évoqué est l’enquête sur sa participation aux meetings interdits ». D’après lui, « après ces arrestations, la police a de nouveau interpelé, à son domicile, le même dimanche 13 décembre, au matin, le Cheik Guirreh Maidal Guelleh, président du MODEL et membre du Haut Conseil de l’USN, dont on ignore toujours le lieu de détention. De plus, la police assiège, depuis lors, le domicile de Cheik Abdourahman Barkat God, également membre du parti MODEL », un parti d’opposition.
Il dénonce aussi l’arrestation, le 14 décembre, de Daher Ahmed Farah, porte-parole de l’USN et président du MRD, près de son domicile, alors qu’il se rendait au palais de justice pour soutenir de jeunes démocrates arrêtés aussi . « Nous condamnons les arrestations des dirigeants et militants USN qui démontrent combien le Président djiboutien est décidé à passer son 4e mandat à sa succession par la répression de l’opposition et de l’ensemble des citoyens, fustige Maki Houmed-Gaba. Nous appelons la communauté internationale à soutenir le peuple djiboutien dans sa lutte difficile pour la démocratie à Djibouti ».