Djibouti : des moustiques génétiquement modifiés contre le paludisme


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Un moustique
Un moustique (illustration)

Depuis 2012, l’Anopheles Stephensi, un moustique originaire d’Asie, s’est imposé comme une menace redoutable en Afrique de l’Est, notamment à Djibouti. Ce vecteur urbain de paludisme est capable de déjouer les moustiquaires et de résister aux insecticides. Il a provoqué une flambée sans précédent des cas de paludisme.

En moins d’une décennie, le pays est passé de seulement 27 cas annuels à plus de 70 000 en 2020. Face à cette urgence sanitaire, Djibouti a décidé de mettre à mal une technologie innovante et controversée : le lâcher de moustiques génétiquement modifiés.

Une technologie inédite au cœur de la lutte

En collaboration avec la société britannique Oxitec, Djibouti a lancé un projet pilote qui vise à libérer des moustiques mâles génétiquement modifiés. Ces moustiques portent un gène spécifique qui empêche leurs progénitures femelles de survivre jusqu’à l’âge adulte. Seules ces femelles sont responsables de la transmission du paludisme. L’objectif ? Réduire drastiquement la population des moustiques vecteurs et, par ricochet, freiner la propagation de la maladie.

Le premier lâcher de 40 000 moustiques modifiés a eu lieu en mai 2024, suivi d’une libération hebdomadaire depuis octobre. Ce projet ambitieux s’étendra jusqu’en avril 2025, avec une évaluation prévue début 2025 pour déterminer la quantité nécessaire d’insectes à déployer sur le long terme.

Vers une révolution africaine ?

Djibouti prévoit déjà la construction d’une ferme-usine pour produire ces moustiques à grande échelle. Si le projet pilote s’avère concluant, le pays pourrait devenir un fournisseur stratégique pour les autres nations africaines confrontées à la recrudescence du paludisme.

Cependant, cette méthode soulève des questions environnementales et financières. La libération continue de moustiques entraîne des coûts élevés, tandis que des experts craignent des effets secondaires imprévus, notamment sur la répartition d’autres maladies. Malgré ces réserves, l’espoir demeure : des programmes similaires au Brésil ont montré une diminution significative des populations de moustiques vecteurs.

Un enjeu continental

La lutte contre le paludisme dépasse les frontières de Djibouti. En Éthiopie voisine, le nombre de cas a explosé et est passé de 4,1 millions en 2023 à 7,3 millions en 2024. Si l’expérience djiboutienne réussie, elle pourrait offrir une solution durable à une entière région confrontée à cette menace persistante.

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