Dix ans après la dévastatrice épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, qui a emporté plus de 11 000 vies, Médecins Sans Frontières (MSF) lance un appel urgent pour la création d’un stock d’urgence mondial de traitements contre le virus. Malgré l’existence de deux traitements approuvés, leur disponibilité reste limitée, contrôlée par les sociétés pharmaceutiques américaines Regeneron et Ridgeback Biotherapeutics, et principalement stockée par les États-Unis pour des raisons de sécurité nationale.
« Il y a dix ans, nous étions démunis face à Ebola. Aujourd’hui, nous avons les moyens de lutter mais nous faisons face à un nouveau défi : l’accessibilité », explique le Dr Armand Sprecher de MSF. L’organisation souligne l’importance vitale de ces traitements dans la lutte contre les épidémies, tout comme celle des vaccins, mais déplore leur inaccessibilité aux endroits les plus menacés.
La demande de MSF s’accompagne d’un plaidoyer pour une gestion internationale des stocks, proposant que le Groupe international de coordination sur la fourniture de vaccins supervise la distribution des traitements pour garantir leur disponibilité immédiate en cas de nouvelle flambée.
Les progrès significatifs réalisés dans la lutte contre Ebola depuis 2014, notamment le développement de traitements antiviraux et de vaccins, ont été principalement stimulés par l’urgence de l’épidémie touchant les pays riches. Cependant, MSF critique le modèle actuel de développement et de distribution, dominé par les intérêts privés et gouvernementaux, et appelle à un changement pour assurer un accès équitable et mondial aux traitements vitaux.
On ne peut pas compter sur les entreprises
Le Dr Márcio da Fonseca de MSF souligne que « compter sur la générosité des entreprises ou des gouvernements ne suffit pas ». Il appelle à des engagements légaux garantissant l’accès aux traitements pour les communautés qui en ont besoin, notamment celles ayant participé aux essais cliniques.
MSF presse également les détenteurs de brevets à accorder des licences et à transférer les technologies nécessaires pour permettre une production élargie des traitements, assurant ainsi une meilleure préparation et réaction aux futures épidémies.
L’organisation met en garde contre les conséquences tragiques d’une préparation insuffisante, rappelant les pertes subies lors de l’épidémie de 2014 et soulignant l’urgence de mettre en place des mesures pour que l’histoire ne se répète pas. La lutte contre Ebola, selon MSF, doit être mondiale, collaborative et débarrassée des entraves bureaucratiques et commerciales qui limitent actuellement l’accès aux soins vitaux.