La Cour administrative de Rabat a prononcé, jeudi dernier, le jugement de dissolution du parti démocrate amazigh marocain (PDAM) pour non-conformité aux lois régissant les partis politiques. Le leader du parti, Ahmed Dgharni, entend faire appel de cette décision que les porte-paroles de la communauté berbérophone d’Afrique du nord condamnent.
En réaction à la dissolution prononcée contre lui, jeudi, par la Cour administrative de Rabat, le Parti démocrate amazigh marocain (PDAM) d’Ahmed Dgharni compte saisir les instances internationales et la commission des droits de l’homme pour le caractère ethnocentrique qu’il estime lui être abusivement attribué. C’est ce qui ressort, en effet, de la déclaration faite par cette formation politique qui défend la promotion de la diversité culturelle, linguistique et religieuse, la laïcité et le développement humain durable. Dans cette déclaration, Ahmed Dgharni explique qu’il ne compte pas courber l’échine. Il continue de considérer le jugement « illogique » et « infondé » et envisage de poursuivre l’affaire en Cour d’appel.
Les déboires du Parti Démocratique Amazigh marocain ont commencé en 2007, lorsque le ministère marocain de l’Intérieur l’a déclaré illégal pour son caractère ethnocentrique. Cette formation politique, qui se réclame statutairement en faveur de la reconnaissance identitaire berbère, s’est attiré le soutien du mouvement associatif et de la communauté berbérophone du Maroc, qu’il estime représenter 50 à 60% de la population totale (30 millions d’habitants).
S’appuyant sur la loi marocaine qui interdit tout parti politique fondé sur des critères ethniques ou linguistiques, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué le 25 novembre affirmant que le Parti Démocratique Amazigh marocain (PDAM) était illégal. Et suite à la dissolution dudit parti la semaine dernière, il a réagi en déclarant que «la loi sur la constitution d’un parti politique est très explicite. Le jugement rendu jeudi par le tribunal administratif de Rabat dans l’affaire des deux partis controversés est un verdict normal». Il a ajouté que «l’amazighité, en tant que composante essentielle de l’identité marocaine, reste une propriété de l’ensemble des Marocains et ne peut en aucun cas faire l’objet de surenchères fallacieuses pouvant menacer l’unité nationale».
Le Congrès mondial amazigh dénonce
La dissolution du PDAM préoccupe également la communauté berbérophone d’Algérie et d’ailleurs qui dénonce cette décision de dissolution considérée comme «maladroite » et « raciste ». Le vice-président du Congrès mondial Amazigh, Hocine Azem, que nous avons joint, en France, par téléphone ce lundi, dénonce fermement cette dissolution qu’il qualifie d’ « arbitraire », sans « fondement aucun » et qui a « des visées malsaines consistant à détruire l’identité amazighe ». Pour Hocine Azem, cette décision relève de « l’intolérance » d’une « politique d’apartheid » à l’égard de la population berbérophone. Il estime que la loi marocaine selon laquelle « les partis fondés sur des critères religieux ou ethniques sont légalement interdits » ne devrait en aucun cas concerner le PDAM qui incarne l’identité du peuple amazigh.
La justice marocaine a aussi décidé, jeudi dernier, la dissolution du parti al Oumma pour son implication dans des affaires liées terrorisme. Le dirigeant de cette formation, Mohamed Merouani, est poursuivi, depuis le 18 février dernier, pour implication dans le réseau terroriste du Belgo-marocain Abdelkader Belliraj.