
Lors de la 28e session du Comité des disparitions forcées des Nations unies, qui se tient du 17 mars au 4 avril à Genève, plusieurs organisations de la société civile togolaise ont remis un rapport accablant sur la situation des droits humains dans le pays. Ce document met en lumière des disparitions forcées et des arrestations arbitraires, notamment dans le nord du Togo, placé sous état d’urgence sécuritaire depuis 2022.
La 28e session du Comité des disparitions forcées des Nations unies qui se tient à Genève en Suisse est l’occasion saisie par des organisations de la société civile togolaise pour revenir sur les nombreux cas de disparitions forcées observées dans le pays depuis plusieurs années.
Des interpellations inquiétantes dans la région des Savanes
Parmi les organisations engagées, le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT) s’inquiète particulièrement des exactions signalées dans la région des Savanes. Selon le rapport soumis à l’ONU, des civils ont été enlevés par des groupes armés non identifiés entre 2022 et 2023. En parallèle, des arrestations sans cadre légal ont été rapportées, notamment à Mandouri, où des proches de personnes interpellées restent sans nouvelles de leurs familles pendant de longues périodes.
La prison civile de Sotouboua, où sont détenues des personnes arrêtées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, est également pointée du doigt. L’accès y est fortement restreint, empêchant les visites des proches et des organisations de défense des droits humains.
Des disparitions liées aux crises politiques
Outre le contexte sécuritaire, le rapport des ONG togolaises revient sur les nombreuses disparitions forcées survenues à la suite des crises socio-politiques ayant secoué le pays ces dernières années. La Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJRR) aurait recensé une centaine de cas, mais aucun élément public ne permet d’affirmer que des enquêtes ont été ouvertes sur ces dossiers.
L’Association des victimes de la torture au Togo (Asvitto) met en avant le cas emblématique d’un fonctionnaire de la gendarmerie de Kara, disparu en août 2020 alors qu’il était en service. Depuis, sa famille n’a reçu aucune information officielle sur son sort.
Une pression accrue sur les autorités togolaises
Face à ces révélations, les organisations de défense des droits humains espèrent que la pression internationale exercée à travers cette session onusienne poussera les autorités togolaises à répondre aux préoccupations soulevées. La société civile réclame des enquêtes indépendantes et des actions concrètes pour garantir le respect des engagements pris par le Togo lors de la ratification de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées en 2014.
Jusqu’à présent, les autorités togolaises n’ont pas officiellement réagi aux conclusions du rapport alternatif soumis par la société civile. Reste à savoir si cette nouvelle mise en lumière internationale entraînera des avancées significatives sur la question des disparitions forcées dans le pays.