Quatre transporteurs marocains se sont volatilisés dans une zone hautement sensible entre le Burkina Faso et le Niger, ravivant les inquiétudes sur la sécurité des axes routiers au Sahel. Cette nouvelle disparition souligne la vulnérabilité persistante des voies commerciales dans une région minée par les groupes armés.
Quatre routiers marocains ont disparu samedi 18 janvier 2025 entre Dori, au nord-est du Burkina Faso, et Téra, dans l’ouest du Niger. Cette zone, tristement célèbre pour ses attaques terroristes récurrentes, a été le théâtre d’événements tragiques ces dernières années avec comme point d’orgue en décembre 2024 la mort de 100 soldats de l’armée nigérienne.
Mobilisation des autorités marocaines
Face à cette disparition, une cellule de crise a été créée à Rabat au sein du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Cette instance collabore étroitement avec les ambassades marocaines à Ouagadougou et à Niamey pour coordonner les recherches avec les autorités burkinabés et nigériennes.
Selon des sources diplomatiques, les chauffeurs circulaient sur un axe notoirement dangereux sans escorte militaire, un choix jugé imprudent compte tenu de la recrudescence des violences dans cette région. « Circuler dans cette zone sensible, surtout après les attaques récentes, constitue une prise de risque inconsidérée », affirme une source proche du dossier.
Une région sous l’emprise des groupes armés
La route Dori-Téra traverse une région stratégique mais dangereuse, marquée par une présence accrue de groupes armés affiliés à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). Ce corridor est régulièrement le théâtre d’embuscades, de pillages et d’enlèvements, mettant en péril les vies des transporteurs et l’économie régionale.
La disparition des transporteurs s’inscrit dans une série d’attaques qui ont ensanglanté la région :
- 11 janvier 2025 : Une embuscade meurtrière coûte la vie à 18 militaires et plusieurs civils entre Dori et Seytenga
- Décembre 2024 : 21 civils sont tués lors de l’attaque d’un convoi à Téra
- Février 2024 : Une messe dans le village d’Issakani, au Burkina Faso, est la cible d’une attaque faisant 15 morts
- Juin 2022 : Une attaque à Seytenga provoque la mort de 86 civils et le déplacement de 26 000 personnes
Vers une réponse coordonnée
La disparition des routiers marocains met en lumière l’impératif de renforcer la coordination sécuritaire entre les pays de la région et leurs partenaires internationaux afin de permettre le commerce transnational. Les autorités marocaines appellent à une mobilisation rapide pour éviter que cet incident ne s’inscrive dans une longue liste de tragédies similaires.
Cette crise rappelle, une fois encore que l’insécurité au Sahel a des conséquences sur l’ensemble des pays africains.