Le Dr Ibrahima Fofana a trouvé la mort, vendredi soir, dans un accident de voiture sur la nationale Conakry-Fria. Il était en compagnie d’une autre syndicaliste, Hadja Magbè Bangoura, et de deux journalistes de la radio télévision guinéenne (RTG). Tous ont été tués. Leader syndical charismatique, Ibrahima Fofana avait mené, avec Rabiatou Serah Diallo, la grande grève générale de janvier-février 2007.
Notre correspondant en Guinée
Les habitants de Conakry ont eu peine à croire la nouvelle de la mort du Dr Ibrahima Fofana, aux premières heures de l’accident qui s’est produit dans la nuit du vendredi 16 avril. Ibrahima Fofana était le secrétaire général du syndicat des banques commerciales et assurances de Guinée (FESABAG), et secrétaire général de la puissante Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG).
Lui et sa collègue, Hadja Magbè Bangoura, étaient partis à Fria, à 155 km de Conakry, pour négocier avec les grévistes et le patronat de l’usine d’alumine appelée Russal, une société minière Russe. Depuis deux semaines, la grève avait paralysé les activités économiques dans la ville minière. Toutes les médiations avaient jusque-là échoué. Y compris celle menée par le premier ministre Jean Marie Doré.
C’est donc en syndicaliste fin négociateur que Dr Ibrahima Fofana s’était rendu à Fria. Et comme pour fixer le son et l’image des faits, il avait sollicité les services de la RTG. C’est ainsi que deux journalistes, Aboubacar Lansana Camara et Lamba Mansaré, ont été mis à sa disposition. Hélas, tous avaient rendez-vous avec la mort dans le village de Tormèlin où l’accident s’est produit, entre 20 et 21 heures, dans un virage dangereux.
Leader de la grève générale de 2007
Pour rappel, c’est le Dr Ibrahima Fofana qui avait organisé avec Hadja Rabiatou Serah Diallo, aujourd’hui présidente du conseil national de la transition, la mémorable grève générale de janvier-février 2007 qui a laissé sur le carreau plus de 180 Guinéens. Le Dr Fofana et Rabiatou Serah exigeaient du pouvoir d’alors de meilleures conditions de vie, le calvaire du petit peuple ayant atteint l’insupportable. Suite à l’adhésion populaire au mouvement, Ibrahima Fofana, requinqué et sûr du bienfondé de sa lutte, avait profité de sa position de force pour exiger le départ du vieux général Lansana Conté. Au sortir du bras de fer, le Dr Fofana et ses collègues avaient obtenu la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dirigé par un premier ministre de consensus.
C’est à cette occasion d’ailleurs que Dr Fofana s’est signalé à l’opinion publique comme un homme intègre et courageux. Il s’en va donc sans pouvoir lever le mot d’ordre de grève qui frappe les banques commerciales en sa qualité de leader du syndicat. Au domicile du défunt, où afrik.com s’est rendu, l’émotion est vive. L’épouse de l’illustre disparu est inconsolable.