Comment Disney est allé a la conquête de la communauté noire


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La société de production Disney a créé pour son film d’animation La princesse et la grenouille en salle en 2009, le premier personnage noir de son histoire. Une nouveauté qui suscite de vives polémiques au sein de la communauté noire aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Il était une fois, dans un quartier français de la Nouvelle-Orléans Tiana, une jeune domestique noire au service d’un riche propriétaire terrien… Le conte de fée version nouvelle cendrillon afro-américaine intitulé La princesse et la grenouille peut commencer. Après le dessin animé Le Roi Lion qui réduisait l’Afrique à une vaste étendue de terres arides peuplées d’animaux sauvages, Walt Disney innove en créant sa première héroïne noire. Une opération marketing de choc pour séduire un nouveau marché est lancée. Mais le conte de fées vire au cauchemar pour la société de production hollywoodienne. La communauté noire voit dans Tiana, un personnage stéréotypé. Et pour cause, l’image du pauvre noir aux ordres du riche blanc dans un Etat négrier du Sud des Etats-Unis agace et exaspère. Pour le rédacteur en chef de l’hebdomadaire britannique The Voice, Steve Pope, « il y a encore des susceptibilités autour de cette question [qui] a besoin d’être traitée avec beaucoup de pudeur ». « Nous aussi nous avons nos rêves et nous aimerions qu’ils soient bien représentés », a-t-il expliqué.

Walt Disney au cœur des polémiques

En Angleterre comme en outre-Atlantique, la grogne est palpable. Joan Gosier, afro-américaine, mère de deux enfants témoigne de l’image négative du dessin animé dans le South Florida Times. « J’étais très excitée à l’idée d’une héroïne incarnée par une princesse noire. Quand mes deux filles, qui adorent les films de Disney, ont vu les images, elles m’ont posé plein de questions sur ce personnage, je leur ai dit que c’était Maddy, une princesse grenouille et, là, elles ont froncé les sourcils. Avec les larmes aux yeux, ma fille de trois ans m’a répondu qu’elle ne voulait pas être une grenouille. J’avais beau leur expliquer, le dégoût se lisait toujours sur leurs visages. C’est à ce moment là que je me suis rendue compte du caractère dommageable de ce dessin animé ». Grâce à son blog et aux multiples lettres qu’elle a envoyées à la société hollywoodienne, Joan Gosier a obtenu gain de cause. Pour calmer les esprits à l’approche de la sortie de « la princesse et la grenouille », Disney a opéré certaines modifications. Tout d’abord le prénom de l’héroïne a été changé. De Maddy, nom que l’on donnait aux jeunes esclaves, on passe à Tiana. Le dessin animé qui devait s’appelait The frog Princess (La princesse grenouille), allusion à la Nouvelle-Orléans, ville de colons français, surnommés « les mangeurs de grenouilles », a été rebaptisé The princess and the Frog : La princesse et la Grenouille.

Un héritage wasp embarrassant

Si la communauté noire se montre aussi virulente, c’est que Disney n’en est pas à son premier coup d’essai. Avec un fondateur wasp (White Anglo-Saxon Protestant), la société de production hollywoodienne transporte un héritage assez embarrassant. On se souvient de la version de 1933 des « Trois petits cochons » où le loup pour amadouer les porcins s’était déguisé en représentant « israélite ». Et plus récemment, des polémiques suscitées par le dessin animé « Aladin ». Les Arabo-musulmans avaient accusé le film, sorti en 1993, d’avoir véhiculé une image caricaturale du Moyen-Orient.
Suite aux changements opérés par Disney, La princesse et la grenouille aura-t-il un happy end ?

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