Les têtes pensantes de la diversité de l’UMP ont présenté mercredi leurs propositions pour une France plurielle « valorisée et assumée ». Progressistes sur les solutions à apporter au problème des discriminations, les militants reprennent sur le fond l’idée de leur candidat aux présidentielles d’un grand ministère de l’Immigration… « et de l’Intégration ».
Les discours sur la diversité sont « trop souvent des discours de compassion, d’excuses quelquefois, mais jamais de proposition », estime Yves Jego, député et secrétaire national de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) à l’origine de la création en septembre 2006 du Cercle de la diversité républicaine. Cet organe de l’UMP a présenté ce mercredi 35 propositions pour une France de la diversité « valorisée et assumée », au siège du parti, et en l’absence de son candidat aux présidentielles. « Le travail a été fait en liaison avec Nicolas Sarkozy », assure Yves Jego, même si le document précise qu’il n’engage que ses auteurs. Une « liberté de langage vis-à-vis de certaines propositions, explique le député. Mais beaucoup de citations montrent que nous sommes en phase avec notre candidat ».
Des mesures incitatives « provisoires » contre les discriminations
En phase, ils le sont avec Nicolas Sarkozy sur la question de la « discrimination positive à la française ». Une pratique qui n’est « que l’autre nom du volontarisme républicain, parce qu’il n’y a pas d’autres méthodes pour réparer certaines injustices », selon l’ancien ministre de l’Intérieur. Cette discrimination positive, certains des membres de l’UMP expliquent en avoir bénéficié au sein du parti pour se présenter aux législatives de juin prochain. « Pas comme faire-valoir », assure Linda Asmani, candidate dans la 5è circonscription de Paris (10e arrondissement), « mais parce que nous aimons la politique ». « Je n’ai jamais regardé la couleur de ma peau. Je suis français avant tout et un militant qui a fait toutes ses classes au RPR (Rassemblement pour la République) puis à l’UMP », ajoute Emmanuel Njoh, conseiller exécutif dans le département du Val de Marne.
Dans le domaine de l’éducation, prenant acte des « initiatives positives » existant déjà, le Cercle propose notamment de « systématiser des accès spécifiques aux grandes écoles pour les meilleurs élèves issus des quartiers difficiles ». Dans le monde de l’entreprise, il ressuscite l’idée du CV anonyme et imagine la « formation des responsables des ressources humaines à la prise en compte de la diversité ». Il envisage également la création d’un fonds de soutien aux « entreprises de la diversité », la création d’un label « entreprise diversité » ou encore la création de zones franches globales qui puisse permettre aux DOM TOM d’être plus attractifs. Des mesures incitatives « provisoires », précisent les auteurs, et qui visent « à permettre un retour à une situation acceptable en terme d’égalité des chances ».
« Nicolas Sarkozy est un humaniste »
Les secrétaires nationaux, conseillers exécutifs et adhérents de l’UMP, brisent un tabou en proposant de « mettre en place des statistiques de la discrimination afin de mesurer le déficit de prise en compte de la diversité » en France. Ils ne parlent pas de « statistiques ethniques » car ils estiment que le critère de l’origine est moins pertinent que ceux de la couleur, du patronyme ou du lieu d’habitation. Ils s’autorisent néanmoins à analyser les « catégories retenues dans la vie ordinaire, c’est-à-dire les Blancs, les Noirs, les Asiatiques ».
En revanche, le Cercle ne trouve rien à redire sur la question du « ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale » prôné par Nicolas Sarkozy et qui a tant fait débat ces derniers jours. Les deux termes sont « liés, essaye Linda Asmani, car Nicolas Sarkozy est un humaniste. Il est favorable à l’immigration, mais choisie. Et notre pays aura besoin de l’immigration dans les années à venir. »
Pourquoi alors remplacer l’intitulé « Identité nationale » par « Intégration », comme il le propose ? « C’est un autre mot pour renforcer la cohésion, mais l’objectif reste de renforcer l’identité nationale », assure Dogad Dogui, l’un des porte-paroles de l’organe de l’UMP. Un renforcement qui ne pousse en rien les candidats aux législatives à « renoncer à [leur] culture » d’origine, expliquent-ils.
Prenant volontairement de la distance avec la polémique sémantique, Kamel Hamza, candidat dans la troisième circonscription de Seine-Saint-Denis, assure que « ceux qui critiquent la proposition ne connaissent pas le terrain. Les immigrés dépendent du ministère des Affaires étrangères, des Affaires sociales, de la Justice… Quand vous êtes étranger, c’est un véritable parcours du combattant ».