Les diplomates accrédités à Nairobi et un consortium d’ONG et d’organismes de défense des droits humains ont critiqué les failles constatées lors des élections générales qui viennent de se dérouler au Kenya et à l’issue desquelles le président sortant, Mwai Kibaki, a été déclaré vainqueur.
Les ambassades canadienne et américaine et le Haut commissariat (ambassade) de Grande-Bretagne ont estimé que le scrutin avait été faussé, tout en exprimant leur préoccupation au regard des graves difficultés constatées au cours du comptage des bulletins de vote.
Elles ont indiqué que le processus électoral, au terme duquel Kibaki a été déclaré vainqueur avec 4,5 millions de voix, contre 4,3 millions pour son principal adversaire, Raila Odinga, avait perdu toute crédibilité à la fin, compte tenu des écarts notés entre les votes recensés et ceux annoncés.
La principale formation de l’opposition, le Mouvement démocratique orange (ODM), dont Odinga est le porte-drapeau, estime que la Commission électorale du Kenya (ECK) a truqué les élections en faveur de Kibaki.
L’ODM a fait valoir que les commissaires de l’ECK, qui sont nommés par le président, ont gonflé les chiffres pour favoriser Kibaki, qui a depuis prêté serment au cours d’une cérémonie discrète organisée à la présidence, à Nairobi.
Pour sa part, le ministre canadien des Affaires étrangères, Maxime Bernier, a exhorté le gouvernement kenyan à prendre immédiatement en charge et de manière transparente et approfondie la question des irrégularités qui ont marqué le scrutin.
Par ailleurs, le Forum kenyan des observateurs nationaux des élections (KEDOF) a signalé l’existence de graves écarts entre les chiffres rendus publics dans les circonscriptions et ceux publiés par la Commission électorale à son siège à Nairobi.
De même, prenant une initiative surprenante, 21 commissaires ont réclamé un examen, par la Justice, des opérations de recensement et des résultats, afin de produire un rapport acceptable, de sérieux doutes ayant été émis quant à la fiabilité du processus.
“Dans les circonstances actuelles, nous ne pouvons garder le silence, nous sommes profondément touchés”, ont-ils mentionné. Jack Tumwa, l’un des commissaires a d’ailleurs reconnu que la commission avait échoué dans sa mission. “Nous avons glissé, mais nous ne permettrons pas au Kenya de chuter”, a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse convoquée à Nairobi.