La junte au pouvoir au Mali depuis le putsch du 22 mars va remettre le pouvoir au Pr Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale malienne. Ce retour à l’ordre constitutionnel, sous la pression de la Cédeao, fait suite à la déclaration d’indépendance de l’Awazad par les rebelles touareg.
Alors que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a décrété hier l’indépendance du Nord-Mali, la junte au pouvoir, de plus en plus isolée, a déclaré qu’elle allait transmettre le pouvoir au Pr Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée Nationale. Le communiqué signé par le chef des mutins, le capitaine Amadou Haya Sanogo, et par les représentants de la Cédéao, Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, prévoit l’organisation des élections sous 40 jours après le transfert du pouvoir. Les sanctions prises contre la junte et l’embargo sur le Mali vont être immédiatement levés. « Nous sommes parvenus à un accord, accord qui permettra dans les heures et les jours à venir de mettre effectivement en place les organes prévus par la Constitution et qui fonctionneront de manière régulière« , a déclaré le ministre burkinabè des Affaires étrangère, Djibrill Bassolè, au nom de la Cédéao.
La Cédéao, qui était en discussion depuis plusieurs jours avec la junte – le président burkinabé Blaise Compaoré ayant d’ailleur rencontré lui même les mutins – rejette par ailleurs la déclaration d’indépendance de l’Azawad et menace d’utiliser la force pour préserver l’intégrité du Mali : La Cédeao « réaffirme son attachement à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali et met d’ores et déjà en garde contre toute velléité de proclamation d’une quelconque partie du Mali comme Etat souverain, qu’elle ne reconnaitra pas (…) usera de tous les moyens, y compris le recours à la force, pour assurer l’intégrité territoriale du Mali« .
La Cédeao qui met actuellement en place une force militaire, va donc devoir rapidement prendre une décision sur la marche à suivre vis à vis de la rébellion touareg. Le MNLA a toujours dit qu’il était prêt à discuter des conditions de « l’autonomie » du Nord-Mali, dès lors qu’un gouvernement légitime sera mis en place à Bamako. Par contre, le groupe islamique d’Ançar Dine qui souhaite imposer un pouvoir religieux à une autre approche « Notre guerre, c’est une guerre sainte, une guerre légale, au nom de l’islam. Nous sommes contre les rebellions. Nous sommes contre les indépendances » a déclaré un de ses responsables à l’AFP.
Si dans un premier temps le MNLA et Ançar Dine se sont alliés pour conquérir le Nord-Mali, leur divorce est aujourd’hui consommé et des affrontements entre les deux parties se seraient même déroulés à Tombouctou. Il va donc y avoir une redistribution des cartes dans ce jeu à trois ou la Cédeao va pouvoir choisir son partenaire ou tenter au contraire de s’imposer contre les deux à la fois. Sans oublier bien sur l’influence de la France d’un coté et d’Aqmi de l’autre ou la position très sensible du voisin algérien.
Le Mali est donc à un tournant stratégique et politique qui peut être décisif pour l’avenir de la sous région.
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