Une chute de rein et des rondeurs avantageuses, élégante, gracieuse, bonne maîtresse de maison, la diongoma est l’idéal de la femme traditionnelle sénégalaise. Parallèlement à l’élection des Miss, le Sénégal élit chaque année sa diongoma nationale.
111 cm de tour de poitrine, 92 de tour de taille et 143 de tour de hanche, pied de nez au culte de la minceur, les femmes fortes sénégalaises sont belles et attirantes. Avec leur silhouette pour le moins épanouie, pour peu qu’elles cultivent leur élégance et qu’elles affichent d’excellentes qualités de maîtresse de maison, on les appelle les diongomas. Elles suscitent la jalousie des autres femmes et plongent dans l’émoi une bonne partie de la gente masculine. A l’instar de Miss Sénégal, elles disposent de leur propre concours national de beauté.
» La diongoma représente la femme noire. De bonnes formes, une belle élégance dans ses habits traditionnels, une démarche gracieuse, elle doit aussi être une bonne maîtresse de maison « , explique Oumi, 27 ans, qui avoue lui envier son physique. » Oui il faut qu’elle ait une taille fine et de grosses fesses « , témoigne Marie-Jeanne, 30 ans, qui se décrit elle-même comme « une petite diongoma ».
Concours diongoma
Parce que les Miss Sénégal ne rendaient pas compte de l’image de la vraie femme sénégalaise, le président du comité national d’organisation de Miss Sénégal, Moïse Ambroise Gomis, décide de lancer, en 1992, le premier concours diongoma. » Au début il s’agissait d’un défilé de mode où les femmes devaient également rivaliser par leur démarche. J’ai été surpris du succès « , commente-t-il. L’événement est devenu une véritable institution. Aujourd’hui, ce sont plus de 40 diongomas qui se pressent aux portes du concours. Seules douze candidates seront sélectionnées pour participer à la finale. » Il y a de grosses déceptions puisque puisqu’elles représentent chacune leur quartier et ont chacune leurs supporters « .
Le concours est aussi l’occasion pour les couturier de lancer les nouvelles modes et pour les coiffeurs de montrer leur savoir-faire. Au cour de la soirée, les diongomas se changent trois fois. Grand boubou, jupe pagne (appelé aussi taille basse, ensemble deux pièces) et le ndokette (de la famille des boubous). Chaque diongoma se soumet également à l’épreuve du foulard de tête, étoffe qu’elle doit savoir nouer savamment sur sa coiffe devant les juges. Les dessins au henné sur les mains, ainsi que des colliers de perles autour des hanches (les dialis), sont autant de petites choses en plus qui peuvent contribuer à faire la différence.
Le secret des parfums
Tout aussi important que leur physique, les diongomas doivent séduire par leur le thiourye, l’art de l’encens pour embaumer les chambres et la maison. Elles expliquent à tous leur recette et offrent des échantillons au jury et dans la salle. » C’est aussi un élément de séduction. Les diongomas savent comment retenir les hommes « , explique Moïse Ambroise Gomis. Billets d’avion, chambre à coucher, salon équipé, réfrigérateur et une somme pouvant aller jusqu’à 1,5 millions de francs Cfa, la gagnante du concours est couverte de cadeaux et devient une célébrité.
Si les diongomas font chavirer les coeurs des hommes d’âge mûr, elles ne font toutefois pas l’unanimité chez les jeunes. » ça, c’est du gros calibre. Je préfère les femmes plus sveltes « , témoigne Abdou, 25 ans. » Les diongomas, c’est pour les vieux. A partir de 40 ans. Et puis c’est difficile à entretenir une femme comme ça. Son élégance et ses besoins coûtent cher. Ce n’est pas n’importe qui qui peut se le permettre « . Toujours est-t-il que les diongomas ont la réputation de connaître les secrets pour garder un homme auprès d’elles et qu’il évite de regarder d’autres femmes.