Le premier film de fiction de la réalisatrice franco-algérienne, Yamina Benguigui, retrace les balbutiements de l’émancipation des femmes maghrébines en France à travers le parcours de Zouina. » Inch’Allah Dimanche » est un film savoureux et touchant à découvrir rapidement.
Grand Prix à Marrakech, Prix de la Critique Internationale à Toronto, Meilleur Film, Prix d’Interprétation Féminine et Prix du public à Arcachon (France)… » Inch’Allah Dimanche » de Yamina Benguigui rafle tous les prix et fédère le public. Pour son premier film de fiction, la réalisatrice franco-algérienne a choisi un thème qui lui est familier.
Celui des femmes algériennes qui, lors de la politique du regroupement familial prônée par le gouvernement Chirac en 1974, vont rejoindre leurs maris en France. » J’ai vécu le drame du déracinement de mes parents, en transit, dans l’antichambre de la France, qui maintenait au-dessus de nos têtes d’enfants, l’épée de Damoclès du retour forcé au pays, que brandissait aussi la société d’accueil « , explique la réalisatrice.
Zouina, la » jolie «
Zouina part rejoindre Ahmed, son époux qui travaille en France depuis 10 ans et qu’elle n’a quasiment pas revu depuis, avec ses trois enfants et la mère d’Ahmed. Déracinée, perdue dans un village de la Picardie profonde et grise, elle doit affronter les brimades quotidiennes de sa belle-mère, l’indifférence de son mari qui ne s’occupe que de sa mère et l’hostilité affichée de certains voisins.
Zouina c’est aussi – et surtout – Fejria Deliba, femme magnifique et actrice superbe qui incarne à la perfection la jeune Algérienne dont le prénom veut justement dire » jolie » en arabe. » J’ai écrit ce personnage en pensant à elle « , dit Yamina Benguigui, » C’est une actrice rare et talentueuse. C’est aussi une femme extraordinaire. » Quant au reste du casting, il est sans fausse note et permet aux acteurs de construire des personnages savoureux : l’horrible marâtre Aïcha (Rabia Mokedem) et son jeu outrancier (paradoxalement parfois irrésistible et drôle) côtoie le jeu tout en finesse de Zinedine Soualem, alias Ahmed.
Mathilde Seigner, silhouette perchée sur ses talons, oeil maquillé et bouche brillante est parfaite en jeune divorcée nature et spontanée, qui accueille Zouina comme une soeur. Jalil Lespert, jeune chauffeur de bus séduisant, et Marie-France Pisier, veuve étrange et blessée, vont sortir Zouina de ses frontières familiales.
Amina et Fellag
Enfin, l’un des rôles les plus poignants est sans nul doute celui de Malika, joué par la chanteuse Amina. » Je voulais absolument qu’Amina joue ce rôle. Je n’imaginais pas qu’elle me dirait oui. Dans le film qu’elle a tourné avec Bertolucci, elle interprète une femme magnifique ! Et moi je lui propose de jouer Malika, une femme avachie, fatiguée, au corps difforme « , se souvient la réalisatrice.
A noter également, la participation de l’humoriste Fellag, étonnant de justesse. Autant de bonnes raisons de découvrir ce film qui oscille entre drame et comédie. Une sorte de tragi-comédie à l’italienne. Une référence que la réalisatrice ne cache pas : » Un film comme » Une journée particulière » est mon modèle absolu. J’aime cette façon simple et délicate de raconter les effets de l’Histoire sur le quotidien de gens ordinaires « .
Yamina Benguigui voulait avec » Inch’Allah Dimanche « , » raconter un moment de l’histoire de l’immigration des femmes algériennes en France, les mères des » beurs « , de manière intimiste, émouvante et surtout sincère « . En suivant le parcours de la courageuse Zouina et de sa lutte pour son émancipation et le respect de sa dignité, son film est tout cela.
Inch’Allah Dimanche de Yamina Benguigui, 1h38, sortie française le 5 décembre