Dimanche des Rameaux sanglant au Nigéria : plus de 40 chrétiens assassinés


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Illustration massacre de chrétiens au Nigeria @Afrik et Chat GPT
Illustration massacre de chrétiens au Nigeria @Afrik et Chat GPT

Plus de 40 fidèles ont perdu la vie dans une attaque terroriste brutale au Nigéria, en plein Dimanche des Rameaux. Ce massacre ciblant une communauté chrétienne de l’État de Plateau relance la question de la cohabitation entre religions et ethnies dans le pays.

Le dimanche 13 avril, journée marquant le début de la Semaine sainte chez les chrétiens, s’est transformé en cauchemar à Kimakpa, dans la région de Bassa, État de Plateau, au Nigéria. Au moins 43 personnes ont été tuées dans une attaque menée par des militants extrémistes peuls contre la communauté chrétienne. Plusieurs maisons ont été incendiées, piégeant des habitants à l’intérieur, tandis que certains corps demeurent en cours d’identification, révélant l’ampleur tragique du massacre.

Ce drame intervient dans un contexte de recrudescence des violences au Nigéria, où les communautés chrétiennes subissent régulièrement des attaques, particulièrement durant les périodes symboliques comme Noël et Pâques. L’ONG Portes Ouvertes France et Belgique (réseau Open Doors International) indique qu’au moins 62 chrétiens ont péri depuis fin mars dans l’État de Plateau, victimes d’attaques violentes ciblées.

Parmi les victimes, on compte des hommes, des femmes enceintes, des enfants et des personnes âgées, dont certains ont été sauvagement égorgés ou brûlés vifs. « Notre peuple vit dans la peur. Les enfants ne vont plus à l’école, même aller à l’église est devenu impossible, car vous risquez votre vie », témoigne Titus Ayuba Alams, conseiller spécial pour le bien-être des travailleurs auprès des autorités locales.

Une région marquée par des tensions historiques

Historiquement, la région de Plateau constitue un foyer récurrent de violences intercommunautaires entre pasteurs nomades majoritairement peuls et agriculteurs sédentaires, souvent chrétiens. Ces affrontements, nourris par des tensions foncières exacerbées par les changements climatiques et la raréfaction des ressources naturelles, prennent régulièrement une dimension religieuse.

Les attaques récentes, préméditées, visent spécifiquement à affaiblir les communautés chrétiennes locales, en détruisant non seulement leurs lieux de culte, mais aussi leurs moyens de subsistance. Avec le début de la saison des pluies, cruciale pour les agriculteurs, ces actes augmentent considérablement les risques d’insécurité alimentaire à long terme. Le pasteur Ayuba Matawal, président du Comité d’assistance aux déplacés de Bokkos, déplore la destruction de plus de 200 maisons, laissant plus de 3 000 personnes déplacées et vulnérables.

Face à l’urgence humanitaire, Jo Newhouse, porte-parole de Portes Ouvertes pour l’Afrique subsaharienne, lance un appel pressant : « Nous exhortons les gouvernements locaux et nationaux du Nigéria à prendre des mesures immédiates pour sécuriser ces régions et protéger ces communautés particulièrement vulnérables. »

La crainte de nouvelles attaques plane désormais sur les festivités de Pâques, rappelant tragiquement les attentats meurtriers contre les chrétiens survenus lors des célébrations pascales au Sri Lanka en 2019. Au total, selon l’ONG, 16,2 millions de chrétiens sont déplacés internes en Afrique subsaharienne en raison de violences semblables, soulignant une crise humanitaire et sécuritaire d’une ampleur inquiétante.

Masque Africamaat
Spécialiste de l'actualité d'Afrique Centrale, mais pas uniquement ! Et ne dédaigne pas travailler sur la culture et l'histoire de temps en temps.
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