Les deux célèbres opposants béninois, Reckya Madougou et Joël Aïvo, ne perdent plus une seule minute pour dénoncer leurs pénibles conditions de détention. Après Joël Aïvo qui a adressé, il y a quelques jours, une lettre au ministre de la Justice, c’est Reckya Madougou qui est revenue, aujourd’hui, sur ses misères à la prison civile d’Akpro-Missérété, à travers un post sur sa page Facebook.
Depuis plusieurs semaines, l’ancienne garde des Sceaux du Bénin, qui purge une peine de 20 ans de prison, se laisse aller à des dénonciations pour attirer l’attention sur ses conditions de détention qui se dégradent au jour le jour. L’élément qui vient de faire sortir une nouvelle fois Reckya Madougou de ses gonds, c’est l’interdiction, mercredi, à son avocat de la rencontrer. En effet, ce mercredi, alors qu’il s’était rendu à la prison dans l’intention de rencontrer sa cliente, Me Renaud Agbodjo a essuyé un refus cinglant des autorités pénitentiaires. Ce refus vient rallonger la liste des personnes déjà empêchées de rendre visite à la célèbre détenue.
« Faites-nous subir toutes les tortures que vous désirez »
Et Reckya Madougou de poster un message dont voici la substance : « Triste, mon pays ! Non content de me détenir arbitrairement et me priver de presque tout, désormais on me prive carrément d’accès à mon avocat. Comme quoi, je ne croyais pas si bien dire lorsque j’écrivais récemment qu’il ne vous reste plus qu’à m’ôter la vie. C’est ce chemin pour lequel vous avez opté. Tuer progressivement dans les geôles ceux qui résistent à la tyrannie et dénoncent l’ignominie. Faites-nous subir toutes les tortures que vous désirez », a-t-elle écrit.
En conclusion, elle cite un autre célèbre ancien prisonnier, Nelson Mandela : « Comme le disait l’illustre prisonnier et combattant des droits humains Nelson Mandela “Nous devions faire l’histoire, c’était écrit. Il nous fallait attirer l’attention sur ce qui se passait d’aussi regrettable chez nous ».
Un message à la suite de Joël Aïvo
Quelques jours plus tôt, c’est Joël Aïvo qui s’est adressé au ministre de la Justice à travers une lettre pour dénoncer ses conditions de détention : « Bientôt deux ans que vous m’imposez de recevoir mon épouse et mes deux enfants, debout, accroché à une barrière métallique de la prison », mentionne-t-il, non sans relever le refus essuyé par les nouveaux députés du parti Les Démocrates venus lui rendre visite, il y a quelques semaines. Sans plaindre le cas de ses doctorants empêchés de le rencontrer pour le suivi de leurs travaux.
Joël Aïvo a également profité de son adresse pour attirer l’attention du ministre de la Justice sur les cas des prisonniers en détention préventive, mais oubliés par les autorités judiciaires depuis des années : « (…) Pour finir, il me plaît de saisir l’occasion de cette lettre pour attirer votre attention sur quelques-unes des urgences de votre ministère. Il s’agit du cas de nos compatriotes oubliés par la justice dans nos prisons. J’ai réussi à sortir de prison quelques-uns grâce au service de mes avocats, mais ils sont encore plusieurs dizaines abandonnés par leurs juges. Placés en détention provisoire, ils attendent ainsi provisoirement, certains depuis dix (10) ans, d’autres depuis vingt (20) ans, d’être jugés pour être condamnés ou peut-être pour être acquittés », a -t-il écrit.