Le Premier ministre ivoirien Seydou Diarra est arrivé ce lundi en France pour une visite de travail de 5 jours au cours de laquelle il rencontrera les plus hauts dirigeants du pays. En mission commandée pour promouvoir le processus de paix en Côte d’Ivoire, le chef du gouvernement a déjà brillamment passé, jeudi dernier, le test du Conseil de sécurité des nations unies.
Seydou Diarra entame ce lundi une visite officielle de cinq jours en France pour présenter le bilan de son action au lendemain de la guerre qui a secoué la Côte d’Ivoire. Programme chargé pour le Premier ministre qui sera amené à rencontrer les principaux dirigeants français. Après un passage convainquant, jeudi dernier, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, Seydou Diarra espère renforcer le dialogue et la coopération avec Paris.
Le chef du gouvernement ivoirien aura notamment droit aux égards du Président de la République française, Jacques Chirac, et de son Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. Il sera également reçu par le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, par le ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, Pierre-André Wiltzer, ainsi que par le chef d’Etat major des armées, le général Henri Bentegeat.
Son propre émissaire
La visite de travail en France de Seydou Diarra fait suite à son passage, jeudi dernier, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Une prestation et des résultats jugés satisfaisants par les 15 membres du bureau qui ont unanimement salué l’action du gouvernement, en accord avec les accords de Linas Marcoussis et d’Accra (Ghana). Lors de son discours, le Premier ministre a rappelé les avancées du processus de paix, notamment la fin de la guerre signée le 4 juillet dernier entre les Forces armées de Côte d’Ivoire (Fanci) et les forces nouvelles ou le projet de loi d’amnistie, adopté en conseil des ministres, qui sera proposé le 4 août prochain à l’Assemblée nationale.
A côté du satisfecit accordé par le Conseil de sécurité des Nations Unies, l’Europe a déjà mis la main au portefeuille pour aider à la reconstruction du pays en décidant de débloquer un décaissement 20 millions de F CFA aux autorités ivoiriennes. La France, qui joue un rôle important aux côtés de la CEDEAO[[<1>Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest]] dans le cadre de sa mission de maintien de la paix[[<2>La France a toujours 3 000 soldats présents en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’opération Licorne]], devrait elle aussi apporter un soutien moral et financier à Seydou Diarra.
Echiquier politique
Aux vues de sa tournée internationale, le Premier ministre fait, aujourd’hui, figure de nouvel homme fort d’Abidjan, éclipsant totalement le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, auquel personne n’a jusque là fait allusion dans les différentes discussions ou interventions. L’allocution de la Grande-Bretagne au Conseil de sécurité, où le représentant britannique a salué « la contribution personnelle et le dévouement de M. Seydou Diarra » dans la crise ivoirienne, est symptomatique.
Pour la communauté internationale, Diarra semble être l’homme de la situation. Une situation qui impose, de fait, une cohabitation politique, qui ne dit pas son nom, avec Laurent Gbagbo. La question du leadership est posée. La volonté du Premier ministre de « sillonner les régions » pour rassurer les Ivoiriens pourrait prendre des allures de campagne électorale. Il a clairement annoncé que son objectif de travail restait les élections de 2005, pour qu’elles se déroulent en toute transparence. S’il décidait de se porter candidat, le travail de fond qu’il abat aujourd’hui pourrait s’avérer fort payant.