« Rendre à la cité ce qu’elle m’a donné ». Le styliste malien Mohamed Dia a lancé il y a trois mois en France l’initiative Mixité avec le basketteur français Tariq Aboul-Wahad afin d’impulser une dynamique positive auprès des jeunes de banlieues en mal de repères. Cinq autres basketteurs de l’équipe de France ont rejoint le mouvement et mettent leur notoriété au service de la cause.
Tariq Abdoul-Wahad (le premier français à avoir intégrer la NBA, la plus prestigieuse ligue de basket au monde, il évolue actuellement chez les Dallas Mavericks), Moustapha Sonko (désigné comme la légende française des playgrounds, il évolue actuellement dans le championnat espagnol à Malaga, dans le meilleur championnat européen), Makan Dioumassi (Villeurbanne, France), Alain Digbeu (meilleur joueur français en 1998, il a remporté le championnat espagnol avec Barcelone, il évolue désormais au Real Madrid), Karim Souchu (joueur évoluant au sein de l’ASVEL, champion de France Espoirs 1998, 1999) et Paccelis Morlende (catapulté en NBA, il évolue aux Sonics de Seattle). Six joueurs de l’équipe de France de basket pour une cause : Mixité. Le projet du styliste malien [Mohamed Dia impulsé il y a trois mois. Les joueurs, tous sous contrat avec la marque Dia, tous issus du même milieu, tous partageant les mêmes valeurs, se mobilisent pour redorer l’image de la cité en descendant sur le terrain à la rencontre des jeunes. Loin des considérations marketing, Mohamed Dia entend fédérer les exemples de réussite pour apporter sa pierre à l’édifice et renvoyer l’ascenseur à une cité qui lui a tant apporté.
Afrik : Quelle est la philosophie de Mixité ?
Mohamed Dia : Mixité est un projet que je réalise avec la collaboration de Tariq (Abdoul-Wahad, ndlr). Le projet est né il y a un an et a commencé à se concrétiser il y a trois mois. à peine. L’idée est de fédérer les gens qui sont issus des banlieues et qui jouissent d’une réussite, qu’elle soit industrielle ou sportive, afin qu’ils contribuent à partager une partie de cette réussite avec la cité, le milieu dont ils sont issus. Si demain une société veut adhérer à ce projet, elle s’engage à mettre un de ses produits sur le marché dont les recettes soient reversées à des associations locales. Pour les sportifs, cela peut être une action menée avec leurs propres fonds ou des actions de terrain où ils vont à la rencontre des jeunes dans les quartiers ou ailleurs. Pour le championnat d’Europe de basket 100 euros par panier marqué (par les joueurs participant à l’opération, ndlr) seront versés à des associations de quartier.
Afrik : Pourquoi une telle initiative ?
Mohamed Dia :Comme le dit le spot que nous avons réalisé pour la campagne : il s’agit de « Rendre à la cité ce qu’elle nous a donné ». C’est-à-dire pour offrir une image positive de la cité qui bien souvent n’a pas de modèles de réussite à qui s’identifier. L’idée est également de créer des synergies au sein des cités pour tirer les choses vers le haut.
Afrik : Le champ d’action de Mixité s’arrête-t-il aux cités ?
Mohamed Dia : Pas du tout, il y prend sa source. Mais les six basketteurs membres de l’opération ont, par exemple, été faire une visite aux enfants malades à l’hôpital Necker à Paris. Nous avons également des actions prévues en Afrique, notamment au Sénégal l’année prochaine, où Tariq et les autres se déplaceront pour inaugurer une école de basket et de foot.
Afrik : Six joueurs de l’équipe de France de basket, tous sous contrat avec Dia, participent à l’opération et sont le pilier central de l’initiative. Le projet ne sert-il pas d’alibi à une campagne marketing qui ne veut pas dire son nom ?
Mohamed Dia : Non car j’avais les moyens de médiatiser Mixité plus que ça ne l’a été. Je ne l’ai pas fait (pour plusieurs raisons). Le plus important reste l’action sur le terrain et son impact sur les jeunes. Que ce soit médiatisé ou non.
Afrik : Six basketteurs de premier plan ont fait le choix de Dia au détriment d’autres équipementiers plus prestigieux comme Nike ou Adidas (Moustapha Sonko était auparavant chez Nike. Quel est votre secret ?
Mohamed Dia : Ils ont choisi Dia pour les valeurs que la marque véhicule. Nous sommes tous issus du même milieu : la cité, la même école de la vie. Quand on choisit Dia, ce n’est pas forcément pour le produit en lui-même. C’est pour le parcours, pour l’histoire de la marque. Aujourd’hui, on peut très bien adhérer chez Dia en ayant un contrat avec un autre équipementier. Le tout est d’être dans l’esprit de Mixité et de partager la même façon de voir les choses.
Afrik : Dia est maintenant une marque internationale. Vous avez notamment un pied aux Etats-Unis avec la marque NBA by Dia et bientôt la marque Dia Refugee, que vous aller sortir l’année prochaine avec le chanteur des Fugees, Wyclef. Que reste-t-il de l’Afrique dans la marque ?
Mohamed Dia : (Avec véhémence) Le nom. Les gens ont toujours tendance à oublier. Le nom veut tout dire. Quelqu’un qui dit : « Je veux m’acheter un vêtement Dia », il faut qu’il se rende compte d’où vient le nom Dia. Dia c’est mon nom, c’est sénégalais, ça vient d’Afrique. C’est grave de l’oublier. Beaucoup de gens ne réalisent pas. La ligne NBA by Dia signifie que la plus importante fédération de basket au monde est associée au nom d’un jeune africain. Mon nom est un lien naturel avec l’Afrique. Il fait en sorte que je suis attaché à l’Afrique à vie.
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