Les services de sécurité marocains auraient mis la main ces derniers jours sur près de 2,270 tonnes de munitions de différentes natures, dont des obus. Les munitions, empaquetées dans des emballages en plastique, ont été découvertes vendredi dernier au bord d’une route rurale, dans la région d’El-Hajeb, dans la région de Meknès, selon la presse marocaine.
Les munitions étaient emballées dans des sacs en plastique déposés sur les lieux de leur découverte. Les services de sécurité marocains, notamment ceux de la DST, ont ensuite emporté cette encombrante marchandise, après avoir été alertés par des citoyens. L’information, non confirmée officiellement hier lundi par le ministère marocain de l’Intérieur, inquiète cependant sur la quantité de munitions découvertes. Mais, surtout, sur leur origine et leur destination. Etaient-elles destinés à alimenter un maquis au Maroc, des groupes terroristes, ou transiter seulement par ce pays, connu pour être une importante zone de transit de trafics en tous genres, dont le trafic d’armes de guerre n’est pas la moindre des «spécialités marocaines». Les services de sécurité marocains, sur les dents depuis l’été dernier, sont actuellement à la recherche de plusieurs éléments accusés de terrorisme, dont deux sont activement recherchés et leurs photos mises en ligne sur le site de l’agence marocaine de presse MAP.
Depuis les suicides des kamikazes de Casablanca et de Sidi Moumen de mars et avril 2007, les services de sécurité marocains ont arrêté plusieurs personnes soupçonnées ou accusées de terrorisme. L’affaire la plus spectaculaire aura été l’interdiction du parti islamiste Al-Badil Al-Hadari (Alternative civilisationnelle) au mois de février dernier par le nouveau premier ministre, Abbas El Fassi (Istiqlal, conservateur proche du Makhzen), fraîchement installé dans ses nouvelles fonctions. Le parti Al-Badil Al-Hadari a été créé en 2002, et était très actif sur la scène politique marocaine comme parti de l’opposition. Il n’a pas participé aux élections législatives de 2007.
Terroristes et maffieux
Au mois de février dernier, plusieurs de ses cadres dirigeants et fondateurs ont été arrêtés par les services de sécurité marocains qui les avaient accusés d’activité terroriste et tombaient fatalement sous la loi antiterroriste, promulguée deux semaines après les attentats de mai 2003 de Casablanca qui avaient fait 45 morts et des dizaines de blessés, dont les kamikazes.
La découverte de munitions de guerre près de Meknès, une région connue pour abriter les groupes de la Salafya El-Jihadia et El-Hijra wal Tekfir marocains, si elle n’a pas été confirmée, n’en constitue pas moins un signe évident que le Maroc reste une destination de prédilection de certains milieux reliés tout autant à des groupes terroristes proches de l’organisation Al-Qaïda qu’à des groupes maffieux et du grand banditisme. Mais les autorités sécuritaires marocaines, qui n’ont pas élucidé ni annoncé officiellement les commanditaires des attentats terroristes de mai 2003 à l’issue desquels plus de 1.000 personnes ont été arrêtées et plus de 500 d’entre elles jugées et condamnées, privilégient la piste des groupuscules terroristes.
Le pays est connu pour abriter plusieurs tendances politiques proches des courants islamistes radicaux, notamment l’aile radicale armée, qui est la branche armée de la Chabiba Islamia, ou les cercles fermés de Eddawa wal Tabligh, la Salafia Jihadya et El-Hijra wal Tekfir, entre autres organisations radicales réputées violentes. Les services de sécurité marocains ont classifié les régions de Fès-Meknès, Rabat-Salé et Casablanca comme étant les principaux fiefs des groupes terroristes potentiels, dont certains seraient proches d’Al-Qaïda, ou constituant ses réseaux dormants. Plusieurs ambassades avaient en 2007 drastiquement renforcé leur sécurité, notamment celle des Etats-Unis après que deux jeunes se soient fait exploser avec leur charge près du consulat US à Casablanca.
Ali Babès pour Le Quotidien d’Oran