Le directeur de publication de l’hebdomadaire nigérien
« Le Républicain », Maman Abou, et un de ses journalistes, Lalo Keita, ont été condamnés vendredi par le tribunal correctionnel de Niamey à 18 mois de prison et cinq millions de FCFA d’amende pour « diffamation et publication de fausses nouvelles ». L’opposition dénonce un procès inéquitable organisé par le pouvoir.
Ils avaient été interpellés et placés en détention provisoire à la suite de la publication, le 21 juillet, d’un article dans lequel ils accusent le Premier
ministre, Hama Amadou de « pactiser avec l’Iran au détriment de l’Occident, de développer un discours raciste et un programme politique discriminatoire envers les Occidentaux ».
Les deux journalistes avaient comparu pour une première fois, le 8 août, devant le tribunal de grande instance de Niamey, la capitale. Lors de cette audience, leurs avocats avaient soulevé des exceptions et demandé, en vain, leur mise en liberté provisoire.
Une deuxième audience, qui s’était déroulée le 14 août, a vite tourné court, car les avocats de la défense avaient quitté la salle, récusant le juge tandis que les prévenus avaient refusé de répondre aux questions du tribunal qui
avait alors décidé de mettre le jugement en délibéré le 1er septembre.
Plusieurs organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme ou de la liberté de la presse avaient dénoncé l’arrestation des deux journalistes, exigeant leur libération.
Réagissant à cette condamnation, un collectif de journalistes la de presse indépendante a déploré « les dérives autoritaires du pouvoir et ses tentatives de bâillonner de la presse indépendante » tandis que les avocats de la défense ont dénoncé « une parodie de justice, un procès unique et inique dans les annales judiciaires du pays ».
Selon Me Moussa Coulibaly, ce verdict est une preuve supplémentaire qu’au Niger la justice est aux ordres du pouvoir.