Deuil dans le monde scientifique béninois : le philosophe Paulin Hountondji s’en est allé


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Le philosophe béninois Paulin Hountondji
Le philosophe béninois Paulin Hountondji

Le philosophe béninois Paulin Hountondji est mort. Mais, il laisse derrière lui une œuvre immense qui lui survivra, tant il a marqué le milieu scientifique africain.

Paulin Hountondji n’est plus. L’homme s’en est allé, ce vendredi, dans sa 82e année. Né à Abidjan en Côte d’Ivoire, le 11 avril 1942, Paulin Hountondji a été formé à l’École normale supérieure avant de soutenir une thèse en philosophie à l’Université Paris-Nanterre. Il a marqué d’une empreinte indélébile la philosophie et est d’ailleurs considéré comme l’un des plus grands philosophes africains de ces cinquante dernières années. Il a fait ses preuves dans les universités de Besançon en France, Kinshasa et Lubumbashi en RDC, et bien sûr, à l’Université d’Abomey-Calavi (anciennement appelée Université nationale du Bénin) où il a fini sa carrière.

Un scientifique tout aussi fin que politique

Ce n’est pas que dans la science que Paulin Hountondji s’est fait remarquer. Il a, en effet, connu une carrière politique qui l’a conduit au poste de ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement de transition (1990-1991) mis en place à l’issue de la Conférence nationale de février 1990 et dirigé par le Premier ministre Nicéphore Soglo. Devenu président de la République à la suite de la première Présidentielle de l’ère du Renouveau démocratique, Nicéphore Soglo lui confia le portefeuille de ministre de la Culture et de la Communication entre 1991 et 1993. Devenu par la suite chargé de mission du chef de l’État, Paulin Hountondji rendra sa démission pour retourner à ce qu’il sait faire le mieux : l’enseignement.

De sa bibliographie assez bien fournie, l’ouvrage Sur la « philosophie africaine » : critique de l’ethnophilosophie paru en 1976 aux Éditions Maspéro fait figure de chef-d’œuvre, d’ouvrage majeur. Dans cet ouvrage, le penseur béninois utilisera, pour la première fois, le terme « ethnophilosophie » qui fera date. Le livre sera traduit non seulement en anglais, mais également en serbo-croate et partiellement en espagnol. Il sera sélectionné dans le lot des 100 meilleurs livres africains du XXe siècle, à la Foire internationale du livre de Harare, en 2002.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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