Le continent risque d’être le grand oublié de la mondialisation, tant il est étranglé par la dette extérieure. Interpellée lors du sommet Europe Afrique, au Caire, Bruxelles répond droits de l’Homme et politique sanitaire. « Justement », seraient tentés de dire ses interlocuteurs.
Débat transversal – et récurrent – dans les relations entre l’Europe et le continent noir, l’annulation de la dette.
La dette extérieure des pays africains s’élèvent à 350 milliards de dollars. Selon les partisans de sa suppression pure et simple, elle asphyxie les économies africaines. Le Sénégal, pour ne citer que lui, consacre 74% de ses dépenses ordinaires au paiement du service de la dette. Selon El Watan, la dette représente 85% du PIB algérien, soit 90 dinars par habitant.
Chiffres sous évalués
Ailleurs en Afrique, la réalité pourrait être bien pire. Et les chiffres réels, sous estimés, pour ne pas effrayer les investisseurs. « Pour beaucoup, les exportations représentent 90% du produit industriel brut. Lorsqu’on s’aperçoit que certaines nations ont des recettes à l’exportation inférieures aux remboursement annuels, la chose est claire : il n’y a plus un sou pour investir dans l’éducation, le développement des infrastructures. Encore moins pour les services sociaux et sanitaires », confie un responsable de groupement bancaire africain.
Un phénomène qui n’est pas sans aggraver la situation des populations locales, déjà fortement affectées par la dévaluation de 50% du franc CFA en 1994, alors que celle-ci devait permettre une relance des exportations. Cercle vicieux.
« Sommé de résoudre tout seul (le fameux : l’Afrique aux Africains…) ses problèmes, mais maintenu sous tutelle au nom de l’ajustement structurel et des minima démocratiques universels, le continent crie misère à chaque fenêtre qui s’ouvre sur le monde », analyse Stephen Smith, dans le quotidien Libération daté du 3 avril.