Détention de Me Guy Hervé Kam : les avocats burkinabè en grève, ce jour


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Me Guy Hervé Kam
Me Guy Hervé Kam

Pas d’avocats dans les prétoires, aujourd’hui, au Burkina Faso. Les hommes en toge noire ont décidé d’observer une grève pour protester contre la détention au secret de leur collègue Guy Hervé, depuis son interpellation à l’aéroport de Ouagadougou, le 24 janvier 2024.

Les avocats burkinabè sont mécontents. Et ils le traduisent par un mouvement d’humeur, ce jeudi. En effet, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Faso, Me Siaka Niamba, a appelé ses collègues à observer un mouvement de grève, ce jour. Ceci, conformément à la résolution prise lors de l’Assemblée générale extraordinaire de l’Ordre, le 7 février 2024 à Ouagadougou.

Guy Hervé Kam, avocat et militant des droits humains, a été interpellé dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 janvier 2024, à l’aéroport de Ouagadougou alors qu’il rentrait de Bobo-Dioulasso. Des individus non identifiés en tenue civile se sont approchés de l’homme de droit et l’ont embarqué dans une voiture banalisée. C’est bien plus tard qu’il a pu joindre son épouse au téléphone pour lui signifier qu’il était détenu à la Sûreté nationale. Depuis, plus de nouvelles de lui.

Des protestations demeurées sans effet

Très vite, les mouvements citoyens dont le SENS coordonné par Me Guy Hervé Kam lui-même sont montés au créneau pour dénoncer une arrestation arbitraire foulant aux pieds les droits les plus élémentaires de l’avocat, et demander sa remise en liberté immédiate. À la suite des mouvements citoyens, le Syndicat des avocats du Burkina Faso (SYNAF) a également donné de la voix pour dénoncer une interpellation qui n’a rien respecté de la procédure légale en la matière.

« Sans connaître ni débattre des motifs pour lesquels il (Me Guy Hervé Kam, ndlr) a été arrêté et détenu, le Syndicat des avocats du Burkina Faso (SYNAF) rappelle que, quels que soient les faits qui lui sont reprochés, que ces faits aient ou non un lien avec sa profession, un avocat ne peut être convoqué, arrêté ou détenu sans ordre du Procureur général ou du Président de la Chambre de l’Instruction et sans que le Bâtonnier de l’Ordre ait été dûment consulté », a indiqué le syndicat dans son communiqué qui s’appuie sur l’article 6 du Règlement N° 005/2014/CM/UEMOA. En s’appuyant sur les mêmes textes, la Conférence des barreaux de l’UEMOA a également émis une vive protestation contre cette arrestation et cette détention.

Le procureur général n’est toujours pas informé

Approché par les avocats de Me Guy Hervé Kam, le procureur général a expliqué n’être au courant ni de la raison de son arrestation ni du sort qui lui est actuellement réservé. Les avocats ont, pour leur part, été jusqu’ici empêchés de s’entretenir avec leur collègue et client. La tentative d’une délégation du barreau de lui rendre visite n’a tout simplement pu aboutir. Et depuis, aucune communication n’est faite par les autorités pour situer la famille biologique et professionnelle de l’avocat sur son sort ainsi que les motifs qui sous-tendent son arrestation. Une arrestation que les proches de la victime décrivent d’ailleurs comme un enlèvement.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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