Paris. Mercredi, 6 novembre 2024. Match Paris-Saint-Germain – Atletico de Madrid. Une immense toile, avec le slogan Free Palestine, couvre la tribune Auteuil au Parc des Princes. L’Union européenne des associations de football (UEFA), malgré les pressions des autorités françaises, n’engage aucune procédure contre l’équipe parisienne. Elle estime le tifo géant ni provocateur, ni insultant.
Le ministre de l’intérieur demande solennellement des comptes. « Les terrains ne doivent pas devenir des tribunes politiques » assène-t-il, comme si les politiques n’étaient pas les premiers instrumentalisateurs du sport. Son subordonné, secrétaire d’État chargé à la citoyenneté, un marocain de service, chantre du repli identitaire, convoque tambour battant les responsables sportifs. Il n’en faut pas plus pour que les sionistes crient à l’antisémitisme.
Blanchiment du génocide par le sport.
Les affrontements d’Amsterdam, entre supporters israéliens et néerlandais propalestiniens, est symptomatique d’une nouvelle forme de lutte mondiale, une désobéissance civile planétaire. L’idéologie sioniste n’a qu’un seul but, l’extermination du peuple palestinien qui est sur le sol de la Palestine. Sa technique, la destruction totale. Sa méthode, le génocide.
Dans les pays occidentaux, la classe estudiantine est la fibre sensible, hyper-réactive aux monstruosités fascistes. Les désinformations institutionnelles sont des exemples flagrants des manipulations politiques et médiatiques. Les casseurs israéliens, formés au combat, souvent des agents de services secrets et des réservistes de l’armée, sont connus pour leurs méthodes dévastatrices. Ils agissent en groupes. Ils récupèrent, dans les rues, des barres métalliques, des objets transformables en armes blanches. Ils chargent militairement. Ils tirent des explosifs. Ces commandos ultraviolents ne sont jamais inquiétés par les polices européennes. Ils dépavent la chaussée. Ils caillassent les chauffeurs de taxi. Ils s’attaquent aux passants. Ils ciblent les maghrébins. Ils chantent des refrains appelant au meurtre des arabes.
Un reporter néerlandais de quatorze ans du média Bender, démonte, en direct, la mécanique falsificatrice. Il a crânement suivi, malgré les menaces, les hooligans du Maccabi Tel Aviv pendant leurs saccages de la ville. Il a filmé, en direct, les provocations, les charges, les altercations. « Mesdames, Messieurs, le match perdu sur le terrain par le Maccabi Tel Aviv, se prolonge dans la rue, avec une violence inouïe. Nous nous trouvons à la gare centrale d’Amsterdam. Les supporters israéliens, coiffés de casques, courent dans tous les sens en bande compacte. Ils allument des pétards. Ils crient des slogans assassins. Ils déplantent des poteaux. Ils poursuivent les gens. La police est absente. Ça devient complètement hors contrôle. Deux fourgons de police arrivent. Ils essuient des jets de pierres. Les policiers restent passifs. Les chauffeurs de taxis réagissent. Ils klaxonnent en chœur. Ça sent l’affrontement. Les israéliens s’emparent de massues. Ils font semblant de battre en retraite. Ils se regroupent. Ils repartent à l’assaut. Ils connaissent toutes les tactiques. Ils cherchent la bagarre. Contrairement aux hooligans européens, ils restent toujours groupés. Ils évoluent par vagues homogènes. La police les repousse dans une rue adjacente. Les chauffeurs de taxi et d’autres supporters de l’Ajax les pourchassent. Il y a un leader au milieu d’eux. Il leur donne des directives. Ils s’entretiennent en hébreu. La police ne comprend pas ce qu’ils disent. Elle ne sait pas ce qu’ils projettent. Ils jettent des projectiles sur une maison abandonnée, un squat, où un drapeau palestinien flotte à une fenêtre. Depuis hier soir, ils brûlent tous les étendards palestiniens qui se trouvent sur leur chemin. Un centaine de chauffeurs de taxi sortent de leur voiture. La situation est ingérable ». Les médias dramatisent. Les opinions somatisent. Eléments de langage sionistes en sous-traitance. Les génocidaires crient au pogrom. Les dirigeants occidentaux s’alignent. Aux Pays Bas, comme dans d’autres pays européens, la police protège les israéliens, traque les propalestiniens.
Servitude politique.
Les sionistes, emportés par leur mégalomanie prédatrice, multiplient les humiliations à l’encontre de la gouvernance française. Des images circulent sur les réseaux sociaux. Deux gendarmes français, gardiens de l’église du Pater Noster, dite aussi Eléona, à Jérusalem Est, sont arrêtés, sans sommation, par la police israélienne le 7 novembre 2024. Le domaine national français en Terre Sainte comprend quatre possessions. L’église du Pater Noster au sommet du Mont des Oliviers, avec un cloître, construit en 1870, et en sous-sol, la grotte dite du Pater, où Jésus Christ aurait enseigné. Le monastère d’Abou Gosh, ancienne commanderie hospitalière du douzième siècle, avec une église et une crypte. Il abrite depuis 1976 des moniales et des moines bénédictins. Le Tombeau des Rois, accueille, parmi une trentaine de sépultures, le sarcophage de la reine Hélène d’Adiabène. L’église Sainte Anne, avec une église du douzième siècle, où se trouve, selon la tradition évangélique, la maison parentale de la Vierge Marie et la piscine Bethesda, mentionnée au chapitre cinq de l’Evangile de Jean, où s’effectue le miracle de Jésus sur un paralytique. En dehors du Tombeau des Rois, les trois autres possessions françaises sont de hauts lieux de la spiritualité chrétienne.
La précédente violation sioniste de ces sanctuaires remonte à 1996. Jacques Chirac, en déplacement à Jérusalem, avait expulsé les policiers israéliens de l’église Sainte-Anne. Il avait déclaré : « Je ne veux pas de gens armés en territoire français ». Autres temps, autres mœurs. La gouvernance française actuelle se montre, avec l’administration américaine, l’oligarchie la plus inconditionnellement pro-sioniste. Elle s’empresse de proposer une coalition militaire internationale contre les gazaouis. Elle fournit des armes aux sionistes. Elle interdit les manifestations propalestiniennes. Elle subit sans broncher les injures, les flétrissures, les ignominies israéliennes. Le 3 novembre 2023, L’Institut français de Gaza est spécialement visé par une frappe. Aucune réaction française. Le 13 décembre 2023, un agent du ministère des Affaires étrangères est tué dans un bombardement. Aucune sanction française. Les exemples sont si nombreux qu’il serait fastidieux de les énumérer. Les israéliens fonctionnent aux chantages, aux menaces. L’ambassadeur français se fait convoquer à tout propos pour se faire sermonner. Dans tous les cas, la gouvernance française fait preuve d’une déconcertante soumission.
Intellectuels juifs contre le sionisme.
Paris. Dimanche, 10 novembre 2024. Un collectif d’intellectuels juifs français, dans une tribune dans le quotidien Le Monde, lance une alerte contre le colonialisme sioniste, annexionniste, révisionniste, suprémaciste. Parmi les signataires, les historiens Dominique Vidal et Sophie Bessis, les économistes Pierre Khalfa et Alain Lipietz. Le sionisme ne laisse que trois options aux palestiniens : survivre comme des esclaves, sans droits et sans dignité, quitter leur terre ou se faire éliminer sans préavis. Les territoires occupés sont transformés en champs de ruines. Les populations sont livrées à la mort par les pilonnages incessants et la famine programmée.
Lundi, 24 octobre 2024. Le collectif Voix juives pour la paix occupe la bourse de New York pour exiger la fin des crimes sionistes et l’arrêt des fournitures d’armes américaines aux génocidaires. Se dénoncent en particulier les firmes américaines Raytheon et Lockheed Martin. Des mots d’ordre propalestiniens sont scandés. Les manifestants s’enchaînent aux clôtures. Les médias occidentaux censurent, occultent, éclipsent les luttes juives contre le colonialisme israélien. Plusieurs organisations nord-américaines, Voix juives indépendants, United Jewish People’s Order, If Not Now Toronto. Une pancarte réapparaît régulièrement : Juifs pour une Palestine libre.
L’inconséquence de la gouvernance française s’illustre par l’attribution, le 5 novembre 2024, du prix du courage journalistique à l’israélien Yuval Abraham et au palestinien Basel Adra, coréalisateurs avec Hamdan Ballal et Rachel Szor, du documentaire No Other Land sur la brutalité du colonialisme sioniste. Se défend formellement, abstraitement, la liberté de la presse, la liberté d’expression, la liberté d’opinion, pierres angulaires des droits humains. La réalité est autre. Les médiats influents appartiennent à une poignée de milliardaires, dont certains affichent ouvertement leurs orientations. Les censures, les entraves au pluralisme, à l’indépendance des rédactions, sont couvertes par le sacro-saint droit de propriété. Il n’est plus besoin de pressions politiques, bien qu’elles s’exercent ici ou là. La mainmise financière permet tous les dérapages, tous les abus. Les médailles ne servent à rien. Révolues les époques où les décorations sacralisaient les sacrifices patriotiques. Deux cents journalistes sont délibérément assassinés par l’armée israélienne en un an à Gaza et en Cisjordanie. Ils passent sur les comptes pertes et profits. La gouvernance française ressasse monomaniaquement « Israël a le droit de se défendre », le droit de massacrer impunément.
Match de la honte.
Jeudi, 14 novembre 2024. Match France – Israël. La gouvernance française ne sait comment donner des gages d’allégeance au colonialisme israélien. Les journalistes guettent les incidents convertibles drames, en intox. La raison s’estompe, l’émotion s’enfièvre. Depuis plusieurs semaines, les médias tentent d’imposer l’idée que l’opération de blanchiment du génocide par le sport est une opportunité souhaitable. Le match de la honte s’avère, sur le plan politique et financier, un échec total. Le stade de France décroche le record de la plus faible affluence pour un match international. A peine une dizaine de milliers de spectateurs pour une enceinte de quatre-vingt-mille place. Un véritable boycott populaire. Se diffusent des fumigènes pour masquer les gradins vides. Se déploient quatre mille policiers et mille cinq cents agents de sécurité. Un hélicoptère. Un véhicule blindé. Des sirènes hurlantes. Des uniformes partout. La fête nulle part. Une perte sèche de trois millions cinq-cent-mille euros selon le journal L’Equipe.
Des faits particulièrement scandaleux marquent la partie. Des hooligans sionistes s’attaquent, d’entrée de jeu, aux supporters français, les tabassent à vingt contre un. Personne ne parle de lynchage. La préfecture évoque des circonstances floues, sans d’autres précisions. Les agresseurs sionistes agissent dans un lieu ultra-sécurisé, filmé sous tous les angles. Personne d’entre eux n’est inquiété. Dans la tribune officielle, trois présidents successifs de la République, les derniers survivants, des premiers ministres et des ministres, anciens et actuels, des notabilités de tous bords, affirmant leur soutien inconditionnel aux sionistes. L’un des assaillants, portant effrontément un tee-shirt de l’armée israélienne, est poliment interviewé par la chaîne française BFM. Il est fier d’avoir semé la terreur sous protection policière.
Un étudiant bordelais, Emmanuel Hoarau, brandit un drapeau palestinien avant de se faire expulser. La photo, prise à la sauvette, légendée du message « Aucune restriction de la liberté d’expression ne peut faire oublier le massacre des civils à Gaza », est vue, sur twitter, par deux millions de personnes, en quelques heures. Le député des Bouches-du-Rhône, Sébastien Delogu, commente : « Emmanuel Hoarau, tu n’as pas cédé aux interdictions, aux intimidations, aux sanctions. Ton acte de courage honore le pays ». Un internaute propose de lancer une cagnotte pour couvrir les frais éventuels d’un avocat.
Lien de l’extrait :https://t.co/ON06fv2uPD
— Emmanuel Hoarau (@EmmanuelHoarau_) November 16, 2024
Le sionisme, antijudaïsme par excellence
Le sionisme, fanatisme herzlien de la fin du dix-neuvième siècle, patronné par le financiarisme rothschildien, n’est pas le judaïsme. Son congrès fondateur ne remonte qu’à 1897. Théodore Herzl (1960-1904) est, avant tout, un admirateur de l’aristocratisme prussien, un puriste germanique. Il prône la direction du monde par une élite capable de contenir la poussée démocratique de masses mues par des pulsions révolutionnaires. Il exploite les potentialités répulsives de l’antisémitisme. Au départ, il éprouve de la répugnance à l’encontre des milieux juifs. Ce qu’il nomme culture de ghetto l’abomine. Il traite le yiddish de langue dégénérée. Il préconise même la conversion collective des juifs au christianisme. La convergence entre le sionisme et le nationalisme européen antisémite est évidente. Théodore Herzl incarne cette ambiguïté. Sa schizophrénie est fascinée par l’intellectualisation de l’antisémitisme. Il entretient des correspondances avec des écrivains notoirement antisémites, Alphonse Daudet (1840-1897), Édouard Drumont (1844-1917).
L’antisémitisme d’Alphonse Daudet se manifeste de Les Lettres de mon moulin. Le conte A Milianah dresse un portrait peu flatteur d’un vieux juif maghrébin. Dans un autre conte de Noël, Salvette et Bernadou, est campé l’usurier Augustus Cahn. En 1886, il prête de l’argent à Édouard Drument, fondateur de la Ligue nationale antisémitique de France, pour l’aider à publier à compte d’auteur La France juive. Théodore Herzl juge, en accord avec les antisémites, que les juifs ont une influence malsaine comme financiers et comme ferments révolutionnaires. La famille Rothschild et Karl Marx dans le même panier. Toutes ses spéculations sont des paradoxalités délirantes. Il considère que les juifs ne peuvent s’en sortir que par l’édification de leur propre territoire, où ils doivent se rassembler pour délivrer les autres peuples de leur présence. La spiritualité de la Jérusalem céleste cède la place à la folie des grandeurs. Tout en revendiquant pour les juifs une structure étatique spécifique, Théodore Herzl estime qu’ils ne sont ni un peuple ni une nation. C’est l’antisémitisme, dans cette logique, qui crée négativement le juif. Pour lui, la culture juive se réduit à quelques vieilleries dont il faut se débarrasser. Les juifs idéaux doivent parler l’allemand, appliquer le modèle prussien, se placer sous le protectorat des Hohenzollern, défendre les intérêts de leurs tuteurs en Palestine, ou près du Lac Victoria, ou dans la pampa argentine. Théodore Herzl ignore totalement la réalité arabe. Peu importe le territoire, seule compte la carte. Le sionisme est l’antijudaïsme par excellence. Le biographe Ernest Pawel (1920-1994), dans son ouvrage Théodore Herzl ou le labyrinthe de l’exil, traduction française éditions du Seuil, 1992, explicite magistralement le projet sioniste, ses contradictions, ses incohérences, ses fantasmes, ses chimères, ses absurdités, ses insanités.
Le sionisme est grand pourvoyeur de postvérité. Ses affabulations se veulent des prophétisations indiscutables. Sa rhétorique toxique contamine la narration publique. Ses actes se justifient par l’inversion du réel. Les communistes, les socialistes, les écologistes, les lepénistes français se portent d’une seule voix au secours des hooligans israéliens. La France insoumise passe pour la brebis galeuse. Les propalestiniens sont persécutés comme des boucs émissaires, des souffre-douleurs, des proies marquées au fer rouge. L’arabophobie tient lieu d’alibi. Le mensonge, mille fois répété, balaie les réfutations matérielles. Les sémantiques s’embrouillent. L’obscurantisme régule les références. Le révisionnisme connote les occurrences. Le monde s’installe dans une ère digitalique, robotique, dronique, méphistophélique. Les images de la guerre, diffusées à profusion, chloroforment, anesthésient, vaccinent contre l’horreur absolue. Les internautes ne voient pas la guerre effective, la tragédie réelle. « Ce qu’il leur faut, c’est la multiplication de la fausseté, la jouissance hallucinogène de la violence, consommée comme une drogue, l’exemption perverse de leur indifférence et de leur irresponsabilité » (Jean Baudrillard, La Guerre du Golf n’a pas eu lieu, éditions Galilée, 1991).
Dans mes rêves, je vois récurremment d’étranges entités, des transhumains peut-être, prothésés de puces électroniques, de lunettes métaversiques, errant sans fin dans des territoires kaléidoscopique. La mémoire explose. Le langage implose. La glose se détache des choses. La conscience humaine, une lointaine nostalgie de philosophes démunis.