Samedi 14 décembre 2024 les discussions se sont achevées à Ryad, alors que les parties à la Convention des Nations-Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULCD) réunissant 196 pays et l’Union Européenne, ont essayé de parvenir à un consensus pour faire face à la sécheresse dans le cadre de la COP16 en Arabie Saoudite. Les sécheresses «alimentées par la destruction de l’environnement par l’homme» coûtent au monde plus de 300 milliards de dollars chaque année et devraient affecter 75% de la population mondiale d’ici 2015 selon les Nations-Unies.
Le secrétaire exécutif de la CNULCD Ibrahim Thiaw, en amont de la réunion, avait espéré l’adoption d’une «décision audacieuse qui pourrait aider à inverser la tendance de la catastrophe environnementale la plus répandue et la plus perturbatrice à savoir la sécheresse.» «Mais les parties ont besoin de plus de temps pour se mettre d’accord sur la meilleure façon d’avancer.» a-t-il déclaré à la clôture de la réunion.
Ce même communiqué de presse publié samedi affirmait que les pays avaient « fait des progrès significatifs en jetant les bases d’un futur régime mondial de lutte contre la sécheresse, qu’ils ont l’intention d’achever lors de la COP17, en Mongolie en 2026 ». C’est bien loin, notent certains acteurs africains, pointant la dégradation de la situation au Sahel et les progrès de la faim dans certains pays sahéliens.
Plus encore, les négociations à Ryad interviennent après l’échec partiel des négociations sur la biodiversité en Colombie, l’échec d’un accord sur la pollution plastique en Corée du Sud et un accord sur le financement de l’action climatique décevant pour les pays en développement, lors de la COP29 à Bakou en Azerbaïdjan. Autant dire que la lutte contre la dégradation de l’environnement et l’accélération des effets perturbateurs de l’activité humaine sur les grand équilibres naturels terrestres prend du retard… sur tous les fronts.
L’Afrique en front commun à Ryad
Selon le délégué d’un pays africain, les représentants du continent souhaitaient un protocole contraignant, qui imposerait aux gouvernements de se doter de plans pour se préparer à faire face à la sécheresse «c’est la première fois que je vois l’Afrique aussi unie, avec un front uni fort, en ce qui concerne le protocole sur la sécheresse,» a-t-il déclaré. Des participants à la COP16, concernant ce protocole proposé par le continent africain, déclaraient que les pays développés n’étaient pas en faveur d’un tel « protocole », plaidant plutôt pour un « cadre », jugé inadéquat par les pays africains.
Cadre contre protocole? Tempête dans un verre d’eau… face au désert !
Un simple désaccord de vocabulaire? Les démons de la diplomatie multilatérale apparaissent à la faveur de telles controverses qui paraissent aux Béotiens de grands débats sur des vétilles. Toujours est-il que ce différend « sur le terme protocole », pour ne pas être proprement « protocolaire », a néanmoins bien retardé les progrès souhaitables de l’action à engager contre la sécheresse.
Des groupes d’autochtones ont également tenu à soutenir un protocole qui permettrait d’avoir un meilleur suivi, des systèmes d’alerte précoce et des plans de réponses plus adaptés, a affirmé Praveena Sridhar, la directrice scientifique de Save Soil Movement une campagne mondiale soutenue par des agences des Nations-Unies. Mais l’absence d’accord à la COP16 ne «doit pas retarder les progrès» a-t-elle ajoutée, en soulignant que les gouvernements pouvaient toujours allouer «des budgets et des subventions pour encourager la gestion durable des sols et des terres.» Ils peuvent toujours, certes. Mais en l’absence de direction un peu contraignante au niveau international, sans « cadre » et sans « protocole », combien d’entre eux le feront?
Avant Ryad, l’UNCNULCD avait estimé qu’un milliard et demi d’hectares de terres devaient être restaurés d’ici à la fin de la décennie et que des investissements mondiaux d’au moins 2600 milliards de dollars étaient nécessaires. Au final, on en sera très loin… La COP16 a tout de même vue… L’engagement de plus de 12 milliards de dollars de la part d’entités telles que le groupe de coordination arabe, un ensemble d’institutions nationales et régionales. Ainsi que la conclusion d’un « partenariat mondial de Ryad pour la résilience à la sécheresse« , qui vise à mobiliser les fonds publics et privés pour aider les pays à risque. Deux bonnes nouvelles, qu’on aurait tort de minimiser, face à une mobilisation mondiale qui paraît bien erratique, face à l’implacable progression des déserts.