Le Mali traverse actuellement l’un des moments les plus difficiles de son histoire. Le pays de Soundiata Keita doit faire face à une double crise née de la rébellion touarègue qui sévit dans le nord du pays et du putsch militaire mené par le capitaine Amadou Sanogo qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, faisant du coup peser des menaces d’embargo politico-économique sur le pays.
De notre correspondant
La poussée au Nord du pays de la rébellion du MNLA et des groupes islamistes d’une part et l’ultimatum lancé par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à l’endroit de la junte militaire au pouvoir d’autre part, inquiètent les habitants de Bamako. Ce samedi des étudiants et autres particuliers faisaient la queue devant les distributeurs de banques car les montants de retraits ont été limités par les banques. Les queues s’allongeaient aussi devant les stations-services. Les automobilistes et les motocyclistes veulent tous faire le plein car chacun a en mémoire les premières heures qui ont suivi le putsch le 22 mars dernier. « Les prix du carburant avaient flambés il y a quelques jours de cela. Je suis donc venu faire le plein car avec les menaces de la Cédéao il peut avoir une pénurie de carburant », s’inquiètent Moussa Guindo, un motocycliste de Faladié, un quartier de la rive droite du fleuve Niger.
Réserves limitées
Les craintes de Moussa sont fondées. Selon un opérateur économique, le Mali disposerait tout au plus de 15 jours de réserves de carburant. Pour Ousmane Babalaye Daou le président du conseil malien des chargeurs, le blocage des frontières et des transactions financières aura rapidement des conséquences désastreuses pour l’économie malienne. Car le pays importe le riz du lait, le sucre, de l’huile etc. Ce qui aura un effet néfaste sur le quotidien des populations dont certains notamment les agents de la fonction publique n’ont pas encore reçu leur salaire du mois.
Et la décision de la cote d’ivoire dont le président Ouattara assure la présidence en exercice de la Cédéao, de fermer ses frontières terrestres avec le Mali n’est pas réjouissante. Avec les ports d’Abidjan et de San Pedro, ce pays est le principal débouché du Mali vers la Mer. A Abidjan on parle de mesure préventive qui bloque du coup 800 camions sur le sol ivoirien.
Privilégier le dialogue
Alors que la menaces de sanction planent sur le pays et que la guerre se poursuit au nord, une délégation de la junte militaire a rencontré Blaise Compaoré, le président du Faso, nommé médiateur dans la crise malienne par la Cédéao Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest . A en croire Djibril Bassolé, le chef de la diplomatie burkinabé le dialogue n’est pas rompu avec la Cédéao. « Sur le principe, la junte se dit d’accord pour un retour à l’ordre constitutionnel au Mali, reste à en déterminer les modalités qui apaise le climat social, qui fédère les Maliens et qui nous permette finalement d’adopter des institutions stables », note M. Bassolé. Pour sa part le colonel Moussa Sinko Coulibaly chef de la délégation des militaires à Ouagadougou assure que des institutions stables seront mises sur pied le plutôt possible.
Prière et recueillement
A Bamako, les nouvelles venant du front sont alarmantes. Apres Kidal, Ansongo, Bourem et Gao, les villes du Nord-Mali tombent les unes après les autres. Une situation qui ne laisse pas indifférentes les religieux du pays. Ainsi le Haut conseil islamique du Mali, l’Eglise catholique et l’Association des groupements d’églises et missions évangéliques protestantes, ont exhorté à l’apaisement dans une déclaration commune. C’était à l’issue d’un rassemblement organisé ce samedi dans un stade de la capitale. 25000 personnes y ont pris part.
Les religieux ont « exhorté les Maliens à la retenue, à la sagesse et au calme pour un apaisement du climat social. Ils ont demandé aux acteurs politiques et sociaux de « privilégier le dialogue comme outil de négociation et de résolution de la crise », et appelé les pays voisins du Mali à soutenir les efforts entrepris notamment pour la résolution de la crise au Nord. Cela à travers la concertation pour une solution négociée. Par ailleurs les guides religieux musulmans et chrétiens ont aussi recommandé à la junte militaire un programme de transition assorti d’un chronogramme précis et incompressible de gestion de la crise.
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