Des militaires russes ont débarqué au Burkina Faso pour, entre autres, assurer la sécurité du Président Ibrahim Traoré. Une situation qui préoccupe, et qui trahit un profond malaise dans l’armée du Faso.
Depuis quelques jours, des militaires russes du groupe Africa Corps, structure créée en remplacement de Wagner depuis la mort de Evgueni Prigojine, débarquent au pays des hommes intègres. Selon les informations, une centaine est déjà sur place dans un contingent total prévu de quelque 300 militaires. Parmi eux, il y a des instructeurs. Rien d’extraordinaire, de sources sécuritaires non officielles – puisque les autorités n’ont fait aucune déclaration depuis que l’information circule –.
Après tout, ce n’est pas la première fois qu’une telle opération se mène. « Cette arrivée de militaires russes au Burkina Faso, qui n’est pas une première, s’effectue dans le cadre normal des relations privilégiées qui existent entre les pays. Elle vise surtout à renforcer la coopération militaire et stratégique entre les deux armées et entre les deux Nations », lit-on sur le site de l’Agence d’information du Burkina. Renforcement de la coopération militaire et stratégique. Soit. Mais, ce qui n’est pas explicitement dit ici, les partenaires de l’Africa Corps, eux, ils l’ont dit. Sans ambages. Et leurs propos ont été relayés par plusieurs médias : les militaires russes sont là pour assurer la sécurité du Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré.
Y a-t-il une crise de confiance entre le capitaine Traoré et son armée ?
La décision de confier la sécurité du Président de la Transition burkinabè à des troupes étrangères, russes en l’occurrence, même si elle reste à confirmer par les voix autorisées, ne laisse pas indifférent. Elle suscite forcément des questionnements. Le Président Traoré ne fait-il plus suffisamment confiance à son armée au point d’appeler des Russes pour assurer sa propre sécurité ? Quel message renvoie-t-il ainsi à ses compatriotes, lui qui, depuis qu’il a chassé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damibi de la tête du pays, ne jure que par « l’indépendance réelle du Burkina Faso » ? Lui qui place la souveraineté nationale au-dessus de toutes les préoccupations ? Le capitaine Traoré a-t-il peur de se faire renverser ?
Nous savons, depuis quelques semaines, que le pouvoir burkinabè a communiqué sur des tentatives de déstabilisation déjouées et sanctionnées par des arrestations. S’agit-il de véritables tentatives de coup d’État ou juste des prétextes pour écarter certaines voix dissidentes ? Aucune hypothèse n’est à écarter dans l’absolu. Mais, une chose est certaine : la position prise par le régime burkinabè avec à sa tête le capitaine Traoré présente beaucoup de risques pour ce dernier. Et il le sait bien. Puisqu’il bouscule beaucoup d’intérêts durablement enracinés.
Il faut être particulièrement naïf pour penser que les puissances dont les intérêts sont mis à mal au Burkina Faso assisteront inactives à ce qui se passe dans ce pays. Il faut être particulièrement naïf pour penser qu’aucune tentative de déstabilisation n’émanera de leur part. Ceci justifie peut-être cela. Mais, quoi qu’on dise, le fait de confier la sécurité présidentielle à des soldats étrangers est illustratif d’un malaise qui couve dans l’armée burkinabè. Le vers est-il déjà dans le fruit ?