Des secours en vue pour le Zimbabwe


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La communauté internationale aide la population du Zimbabwe à faire face à des pénuries alimentaires généralisées et à une épidémie de choléra. Cette aide arrive à la suite de l’établissement en février d’un gouvernement d’unité nationale après les mois de négociations infructueuses qui avaient suivi les élections contestées de l’année dernière. Mais l’aide économique indispensable sera plus longue à parvenir au pays en raison de la crise économique mondiale qui frappe même les pays riches. La situation du Zimbabwe reste donc précaire.

Les initiatives en faveur d’une aide humanitaire internationale au Zimbabwe pour lutter contre la flambée de choléra et surmonter la pénurie alimentaire s’intensifient. Une mission du Fonds monétaire international (FMI) s’est également rendue en mars dans le pays, pour la première fois en plus de deux ans, pour étudier avec les autorités les mesures destinées à relancer une économie dévastée par la chute des recettes, l’hyperinflation et une infrastructure délabrée.

Ces initiatives interviennent au lendemain de l’établissement en février d’un gouvernement d’union, à l’issue de mois d’impasse qui ont suivi les élections contestées de l’an dernier. A peine au gouvernement, le Premier Ministre Morgan Tsvangirai et le Ministre des finances Tendai Biti (tous deux du Mouvement pour le changement démocratique) ont demandé aux autres membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA) un ensemble de prêts de deux milliards de dollars pour aider le Zimbabwe à payer les salaires des agents sanitaires, des instituteurs et des agents de police, et à financer d’autres services essentiels.

L’assistance économique risque toutefois de se faire attendre. La crise économique mondiale, qui touche gravement même les pays les plus riches, pourrait avoir des incidences sur l’ampleur de l’aide consentie. Par ailleurs, le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement n’accorderont pas une aide financière tant que le Zimbabwe n’aura pas liquidé ses dettes et mis en place un plan économique ayant l’assentiment des organismes financiers internationaux. Mais surtout, l’aide économique est subordonnée à de nouveaux progrès vers la réconciliation nationale.

A l’occasion d’un discours prononcé le 25 février en Afrique du Sud, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a affirmé que la communauté internationale, avec l’ONU à sa tête, se tenait prête à aider le Zimbabwe. Il a toutefois prévenu que ces initiatives “ne s’intensifieraient et ne s’étendraient qu’à condition que les perspectives de réconciliation nationale soient prometteuses”. La libération des prisonniers politiques est “importante et souhaitable”, a-t-il déclaré, exprimant le vœu qu’il en soit ainsi “le plus rapidement possible”.

Pénuries alimentaires

Une équipe de l’ONU, dirigée par la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Catherine Bragg, s’est rendue fin février au Zimbabwe. Elle a constaté la persistance d’une crise humanitaire grave. Dans l’attente de la récolte d’avril de cette année, le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) et les organisations non gouvernementales internationales y distribuent une aide alimentaire à environ sept millions d’habitants, soit près de 60 % de la population totale, taux le plus élevé depuis le début de la crise alimentaire en 2002.

Les bailleurs de fonds ont contribué plus de 240 millions de dollars au titre de l’aide alimentaire pour 2008 et 2009. Pourtant, le PAM indiquait en février qu’un nombre croissant de ménages réduisaient le nombre de leurs repas par jour, plus de 10 % d’entre eux affirmant qu’ils n’avaient pas mangé le jour précédent.

La prochaine récolte devrait améliorer cette situation dans l’immédiat, sans pour autant éliminer le besoin d’une aide alimentaire considérable. L’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a prévenu en février que les prévisions concernant la prochaine récolte au Zimbabwe étaient “défavorables, laissant présager une nouvelle année de graves difficultés en matière d’insécurité alimentaire dans le pays”.

Flambée de choléra

L’apparition du choléra a été facilitée par une consommation alimentaire insuffisante, accompagnée de conditions hygiéniques déplorables et la quasi-déroute d’un système de santé en banqueroute. A la mi-mars, l’épidémie avait fait plus de 4 000 victimes depuis son apparition en août dernier et plus de 90 000 personnes en étaient infectées. Plus de 90 % des 62 circonscriptions que compte le Zimbabwe en sont touchés, la plupart des décès intervenant dans les zones rurales, où les populations ne reçoivent que des soins rudimentaires ou en sont complètement privés. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux de mortalité signalé en janvier par les communautés locales était trois fois supérieur à celui enregistré dans les établissements de soins.

Une aide accrue au système de santé du Zimbabwe permettrait d’éliminer l’épidémie. Le Fonds de l’ONU pour l’enfance (UNICEF) a dégagé cinq millions de dollars en janvier, et en mars l’Australie a annoncé une contribution de plus de six millions de dollars pour la remise en état des services d’alimentation en eau, d’hygiène et de santé.

L’OMS a indiqué que le taux de mortalité du choléra était tombé à 1,8 % à la mi-mars contre plus de 5 % en janvier. Dans des conditions de soins adéquats, le taux de mortalité normal est inférieur à 1 %. L’OMS a en outre indiqué que le taux d’infection semblait diminuer aussi, le nombre de nouveaux cas pendant la première semaine de mars étant bien inférieur à celui de la semaine précédente. La situation demeure toutefois précaire, une infirmière d’Harare ayant confié à l’agence de presse Integrated Regional Information Network soutenue par l’ONU que “la tempête était loin de s’être calmée”.

Roy Laishley, pour Afrique Renouveau, ONU

Photo : Panos / Giacomo Pirozzi

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