Le Mali choisit l’argument religieux pour lutter efficacement contre la propagation du VIH. Les imams du pays ont décidé, mardi denier, de s’impliquer dans la sensibilisation et l’information des populations et tenter ainsi de faire évoluer les comportements face au fléau.
Les imams maliens s’engagent » solennellement » dans la lutte contre le sida. Deux cent dignitaires religieux ont accepté de participer à la sensibilisation des populations dans leurs prêches. Les mosquées devraient » être aussi des lieux pour la défense de la vie « , avait déclaré un imam à l’issue d’une rencontre qui s’est tenue, mardi dernier, à Bamako en présence du chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré. Une action originale organisée par deux associations religieuses ( l’Association pour l’unité et le progrès de l’Islam et la Ligue des imams et érudits), en collaboration avec le Programme national de lutte contre le sida dirigé par le ministère de la Santé.
Djihad contre le VIH
» Un jour inoubliable « , avait déclaré avec enthousiasme la ministre de la Santé, Fatoumata Traoré : » parce qu’un maillon essentiel de notre société s’engage (…) dans cette croisade « . Amadou Amani Touré, n’a pas hésité à se présenter comme le » commandant de nouveaux fantassins musulmans (…) dans le djihad contre le VIH « . C’est la première fois que la religion est utilisée comme argument de sensibilisation. Dans un pays où plus de 90% de la population est musulmane, l’islam a toujours été considéré, à tort, comme un obstacle dans cette lutte. L’implication des leaders religieux devrait permettre de faire évoluer les comportements. L’objectif est bien de faire sauter les verrous des tabous traditionnels qui enferment les sujets liés à la sexualité.
Selon l’organisme américain » Policy project « , qui a participé à la rencontre de mardi, l’évolution des comportements est indispensable pour combattre efficacement cette maladie. Et si rien n’est fait d’ici 2010, le Mali comptera 500 000 personnes infectées par le virus, 150 000 orphelins et 170 000 décès seront à déplorer a-t-il précisé. Le quotidien gouvernemental, L’Essor, qui a rapporté la rencontre, a rappelé le taux de prévalence de la maladie qui est aujourd’hui de 1,7% sur 12 millions de Maliens. Un chiffre qui atteint 5% dans certains groupes sociaux et jusqu’à 30% chez les prostituées. Les prêches de ce vendredi dans les 120 mosquées de la capitale risquent de faire écho. Pour la bonne cause.