Sébastien Cailleux, reporter d’images passionné d’Afrique, est récemment revenu d’Ethiopie où il a monté un projet passionnant de photographies et de dessins avec des enfants. Intitulé Ecoles d’Art Au Village, dessins d’enfants et photographies, il est appelé a être reproduit dans d’autres pays d’Afrique, et peut-être même en Amérique latine. Entretien.
Photographies équitables : on pourrait ainsi résumer la récente expérience du photo-reporter Sébastien Cailleux en Ethiopie, fruit d’un partage avec des étudiants éthiopiens passionnés de photographie, des instituteurs, des élèves, des parents d’élèves et des enfants des rues. Eyerusalem Abera et Leikun Nauhusenay, deux étudiants en beaux-arts d’Addis-Abeba, ont embarqué dans l’aventure du reporter, en 2008, sillonnant le pays à la rencontre des enfants des villages reculés. Dans leur besace, des crayons de couleur, des feuilles à dessin que les enfants ont pu fleurir de leur imagination fertile. Ce fut ensuite autour des photographes de réaliser des portraits de ces artistes en herbe. Clichés sur lesquels ont été ajoutés leurs dessins en surimpression, une façon de créer un lien esthétique entre l’enfant et son portrait. Le projet, baptisé Ecoles d’Art Au Village, dessins d’enfants et photographies, devrait être reconduit dans d’autres pays d’Afrique, notamment au Mali en novembre 2009, puis en Amérique du Sud. Les clichés réalisés en Ethiopie seront exposés, en septembre 2009, à l’Alliance éthio-française d’Addis-Abeba, où ils seront proposés à la vente. Une partie des bénéfices ira aux étudiants éthiopiens, aux parents d’élèves, aux coopératives de villages, à tous ceux qui ont mis la main à la pâte… à modeler les rêves des petits enfants d’Ethiopie.
Afrik.com : Dans votre nouveau projet, vous avez travaillé avec des enfants dans des villages en Ethiopie. Expliquez-nous cette démarche ?
Sébastien Cailleux : Cette démarche est une forme associative de collaboration. C’est un travail effectué avec deux étudiants éthiopiens, Eyerusalem Abera et Leikun Nahusenay. Il a été conçu de manière à partager les expériences. J’ai apporté, pour ma part, mon savoir-faire de photographe et du matériel. Et eux sont aussi venus avec leur savoir-faire. Nous nous sommes effectivement tournés vers les enfants. Nous avons pris avec nous des crayons de couleur et des feuilles de dessin et nous avons visité des villages pour les rencontrer. Donc, l’idée était d’apporter à la fois de la logistique et de la compétence. Tout ça pour tirer la quintessence de ce travail là.
Afrik.com : a-t-il été difficile pour vous de monter ce projet ?
Sébastien Cailleux : Oui et non. Au départ, c’est vrai que ce n’était pas trop facile. C’est vrai que le travail artistique n’est pas assez soutenu financièrement. Mais ça été facile dans le sens où le projet a été fait avec le cœur. Quand on a sollicité les institutions éthiopiennes, on nous voyant venir, elles étaient perplexes. Mais quand elles ont vu le dossier, les compétences mises en œuvre, le fait que leurs concitoyens allaient y participer, ils étaient contents. Cela a été pareil avec les privés. Quand ils ont vu que la donne était équitable, ils ont été contents d’y prendre part. Le projet a été possible parce qu’il était bon. Chacun y a finalement trouvé son compte….
Afrik.com : Expliquez-nous le travail que vous avez effectué avec les étudiants éthiopiens ?
Sébastien Cailleux : Chacun avait son activité. Les étudiants qui m’ont accompagné, Eyerusalem Abera et Leikun Nauhusenay, avaient pour fonction première de donner un cours aux enfants. D’un point de vue artistique, nous avons mis sur la même image le dessin de l’enfant et l’environnement, c’est-à-dire son village, sa classe ou son portrait. C’est un moyen de mettre deux éléments sur un même support. Une façon d’établir un rapport artistique entre l’enfant et son portrait.
Afrik.com : Vous compter renouveler l’expérience dans d’autres pays africains. Pouvez-vous nous en parler ?
Sébastien Cailleux : Effectivement, nous avons l’intension de poursuivre ce travail, y compris avec dans d’autres pays. L’objectif est de créer des rencontres interafricaine, et même avec d’autres régions du monde. Faire se rencontrer des étudiants. Donc nous comptons pour ce travail reproduire le même schéma. Il faut noter, d’autre part, que le travail ne s’effectuera pas que dans les écoles, nous allons aussi nous attacher à travailler les enfants non scolarisées, les enfants des rues, afin de leur apporter un peu de bien-être. Il est important de noter que ce n’est pas seulement un travail d’expositions, mais aussi un projet d’actions. Nous sommes en ce moment en train de solliciter le mécénat d’un certain nombre d’institutions. Nous avons, en effet, envie de mener ce projet au Mali et probablement en Amérique du sud. C’est pour l’instant à l’état de projet. Je peux difficilement vous en dire plus. Mais je peux déjà vous affirmer qu’il y a des perspectives très intéressantes pour poursuivre notre action
Afrik.com : Les œuvres réalisées feront-elles l’objet d’expositions ?
Sébastien Cailleux : Les dessins de ces enfants seront exposés en septembre 2009 à l’Alliance française d’Addis-Abeba, où ils seront proposés à la vente. Bien entendu, une part importante ira à leurs parents, aux professeurs et aux associations de quartiers, à tous ceux qui ont participé au projet. Il est très important qu’ils reçoivent de l’argent pour le travail qu’ils ont effectué.
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