Des origines pharaoniques à la célébration du Nouvel An amazigh au Maghreb


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Nouvel an Amazigh Yennayer
Nouvel an Amazigh Yennayer

De l’Algérie aux îles Canaries, les communautés amazighes célèbrent leur Nouvel An, une tradition qui plonge ses racines dans l’Antiquité. Entre reconnaissance officielle et transmission culturelle, Yennayer illustre la vitalité d’un patrimoine qui transcende les frontières.

Le Nouvel An amazigh, Yennayer, résonne différemment selon les pays : célébré le 12 janvier en Algérie, le 13 en Libye et le 14 au Maroc. Cette fête marque le début d’un calendrier solaire dont l’origine officielle remonte à 950 av. J.-C., date de l’accession au trône du pharaon Sheshonq I. Ce souverain d’origine amazighe, fondateur de la XXIIᵉ dynastie égyptienne, incarne un pont symbolique entre l’histoire amazighe et les grandes civilisations antiques.

Mais l’histoire de ce calendrier précède Sheshonq. Contrairement au calendrier lunaire musulman, il s’appuie sur les mouvements du soleil, permettant ainsi une organisation précise des activités agricoles : semailles, récoltes et célébrations saisonnières.

Une civilisation méditerranéenne aux multiples héritages

L’empreinte amazighe s’étend bien au-delà du Maghreb actuel. Les découvertes archéologiques attestent de leur influence sur diverses civilisations : des pharaons aux Ibères, en passant par les Guanches des îles Canaries.

Les gravures rupestres de Tiwrar, près d’Essaouira, témoignent notamment de l’organisation sociale sophistiquée des Amazighs du Néolithique, révélant leur profonde connexion avec leur environnement.

Rituels et symboles d’un renouveau

Yennayer transcende sa dimension calendaire pour devenir un moment de communion. Les familles se rassemblent autour de mets traditionnels, notamment le couscous, symbole d’abondance. Les célébrations s’articulent autour de rituels évocateurs : on « ferme les portes sombres » de l’année écoulée pour « ouvrir les portes blanches du bonheur ».

Cette symbolique du renouveau est intimement liée à Anzar, divinité de la pluie dans la mythologie amazighe, dont la bienveillance était jugée essentielle pour les récoltes à venir.

L’officialisation de Yennayer comme jour férié en Algérie (2018) puis au Maroc marque une étape cruciale dans la reconnaissance de l’identité amazighe. A Timimoun, un grand défilé, mettant en avant à travers une mosaïque de tableaux la diversité et la richesse du patrimoine culturel national, a été organisé  dans le cadre des festivités officielles marquant la célébration du Nouvel An amazigh.

Cependant, d’autres territoires de Tamazgha – l’aire géographique historique des Amazighs – comme la Libye, la Tunisie, la Mauritanie ou les îles Canaries, n’ont pas encore franchi ce pas. Les défenseurs de la culture amazighe militent pour une reconnaissance plus large de cet héritage millénaire.

Un patrimoine vivant qui unit les peuples

Au-delà du calendrier, Yennayer symbolise la résilience d’une culture et son adaptation continue aux défis contemporains. Le passage à l’an 2975 témoigne d’une tradition bien vivante, capable de se réinventer tout en préservant ses valeurs fondamentales : harmonie avec la nature, solidarité communautaire et transmission culturelle.

Cette célébration unit les peuples amazighs autour d’un patrimoine commun tout en contribuant à la richesse culturelle universelle. Assegas Ameggaz 2975 ! (Bonne année 2975 !)

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