Des Noirs, des Blancs et des Maghrébins réunis dans la même équipe cela ressemble au « black, blanc, beur » de l’Equipe de France de football championne du Monde en 1998. Seulement, il s’agit cette fois-ci de France Diversité, un mouvement civil des minorités qui se présente aux élections européennes du 13 juin prochain. Entretien avec l’instigateur de ce mouvement, Monsieur Dogad Dogoui, fondateur d’Africagora.
Dogad Dogoui, fondateur d’Africagora, est de tous les fronts quand il s’agit des minorités dites visibles. Son dernier grand challenge : les élections européennes du 13 juin prochain. Les minorités seront représentées à ce grand rendez-vous électoral par une association loi 1901 : France Diversité. Dogad Dogui nous explique ses motivations et ses objectifs quant au scrutin à venir.
Afrik : Début mars dernier, vous annonciez sur Afrik penser à vous lancer dans une bataille électorale. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à franchir le pas ?
Dogad Dogui : C’est effectivement chose faite, nous avons tenu nos promesses. Notamment à cause de l’attitude des partis traditionnels face aux minorités lors des dernières élections régionales. Leur absence de réponse et d’implication quant aux interrogations des minorités nous a motivés pour franchir ce pas et créer France Diversité. C’est une association loi 1901 dont la vocation est de promouvoir la citoyenneté, la diversité et d’assurer la juste représentation des minorités dans toutes les sphères de décision de la société française.
Afrik : Qu’entendez-vous par minorité ?
Dogad Dogui : Dans la vision de France Diversité, les minorités sont à la fois les minorités ethniques, dites visibles, et les minorités sociales, personnes des zones défavorisés ou des quartiers populaires. Cela peut se regrouper, mais ce n’est pas forcément le cas. Au total, sur les trois régions où nos listes sont présentes, nous avons 74 personnes, 37 hommes et 37 femmes, représentants des Noirs, originaires d’Afrique ou des Dom Tom, des personnes originaires du Maghreb et des Blancs. C’est une liste indépendante, laïque et républicaine. Il n’y as pas plus français comme positionnement.
Afrik : Votre objectif lors de ces élections est de vous faire connaître pour la suite ou de décrocher une place au Parlement Européen ?
Dogad Dogui : L’idée est de permettre qu’une personne, la tête de liste, soit élue. Il faut passer la barre des 5% pour devenir le représentant des minorités au Parlement Européen. Il faut défendre la cause des Noirs ou des Arabes français, mais aussi des Turques, des Roms et des Tziganes, des Asiatiques… Bref, de toutes les minorités vivant dans les pays de l’Union Européenne.
Afrik : En Europe y a-il des équivalents de votre mouvement ?
Dogad Dogui : Il y a eu peu de tentatives. Mais aujourd’hui les médias européens que nous avons rencontrés nous disent ne rien connaître de comparable dans leur propre pays.
Afrik : Concrètement, qu’allez vous faire une fois élus ?
Dogad Dogoui : D’abord créer au sein du Parlement Européen un intergroupe en charge de représenter les minorités dans chacun des pays de l’Union. Tous les bords politiques, en dehors des extrêmes bien entendus, seront les bienvenus. Ensuite, il faut passer au crible la législation européenne pour y étudier les droits des minorités. La question essentielle aujourd’hui est celle du contrôle de l’immigration. Cette question concerne aussi les enfants des immigrés. Qu’il s’agisse de citoyenneté européenne, de résidence, ou de la libre circulation qui aujourd’hui encore n’est pas appliquée dans l’Union. Un étranger résidant légalement en France ne peut circuler librement dans toute l’Europe. Autre exemple : Concernant les droits des personnes, la France n’a pas encore retranscrit les directives européennes en matière de respect des minorités. Nous serons vigilants sur tout ce qui touche aux minorités.
Afrik : Est-ce que vous ne risquez pas de tomber dans le communautarisme ?
Dogad Dogui : Non ! Bien au contraire ! Il s’agit pour nous de défendre une certaine réalité de la France sociale, la France de la diversité telle qu’elle est. La France est la résultante de deux siècles d’immigration et d’intégration, mais aujourd’hui les Noirs, les Arabes et les Asiatiques n’ont pas bénéficié d’une réelle politique d’intégration. Vous devriez poser la question du communautarisme aux formations traditionnelles qui concentrent les pouvoirs, les mandats et les responsabilités entre les représentants de la majorité ethnique de notre pays.