Des Marocains, détenus dans le centre de rétention pour étrangers en situation irrégulière de Busmantsi, près de Sofia en Bulgarie, ont mis le feu à une chambre ce lundi. Ils protestaient contre la lenteur de traitement de leur demande d’asile. Le directeur du centre Yotko Andréev a dû faire appel aux forces de l’ordre. Ce n’est pas la première fois que des détenus manifestent leur colère contre les conditions de détention.
Excédés par la lenteur du traitement de leur demande d’asile, des immigrés marocains se sont révoltés, lundi 19 mars, à l’intérieur du centre de rétention de Busmantsi, près de la capitale bulgare Sofia. Ils ont mis le feu à une chambre et l’incendie s’est propagé dans plusieurs autres pièces. Certains clandestins ont dû être conduits à l’hôpital après avoir inhalé de la fumée toxique. Le directeur du centre Yotko Andréev a fait appel aux forces de l’ordre. Elles sont intervenues dans le centre pour mettre un terme à la révolte qui aura duré moins d’une heure, selon la radio publique bulgare BNR.
Le Comité Helsinki, une ONG, avait récemment dénoncé les conditions de détention à Busmantsi, qu’il a comparé à une « prison ». « Des cas de mauvais traitements et un manque d’information sur les détenus » ont été signalés par l’ONG. Ce n’est pas la première fois que des clandestins protestent contre les conditions de vie à Busmantsi. Depuis peu, des Africains sont également accueillis dans ce centre où étaient habituellement dirigés des réfugiés afghans, irakiens, arméniens ou iraniens.
Une violation des libertés peu médiatisée
En 2009, un journaliste bulgare, Ivan Kulekov, a fait un reportage sur ce centre qu’il a intitulé « The Bulgarian Guantanamo » (le Guantanamo bulgare). Dans ce centre, explique-t-il, se côtoient « des personnes dont les visas et les documents d’identité ont été perdus ou sont arrivés à expiration, ou qui sont arrivés illégalement en Bulgarie, ou encore de détenus dangereux pour la sécurité du pays ».
Certains sont enfermés à longueur de journée avec une autorisation de sortie de leur cellule à 7h00 du matin pour une très courte durée. Ils sont obligés d’uriner dans des bouteilles car il n’existe pas de toilettes dans les cellules. D’autres sont entassés dans les chambres : parfois jusqu’à 20 personnes dans une seule chambre de quelques mètres carré sans eau et sans toilettes. De même, des familles entières, avec enfants en bas âge, sont retenues à Busmantsi. D’autres ne connaissent même pas la raison de leur mise en détention. Et tous, sans exception, ne savent pas combien de temps ils devront séjourner dans ce centre. Un détenu nigérian affirme dans le portage qu’il est « prêt pour tout, même à mourir » car il ne sait pas combien de temps il restera enfermé.
En 2008, des prisonniers de Busmantsi avaient également protesté contre leurs conditions de détention et les mauvais traitements qui leur étaient infligés. Un incendie avait, là aussi, été déclenché à l’intérieur du centre. Les forces de l’ordre, équipées de fusils lacrymogènes et de matraques étaient violemment intervenues. L’assaut avait duré près d’une heure en raison de la résistance des prisonniers. Plusieurs détenus avaient été battues à mort, dont un Zambien et un Marocain.