Le chef d’oeuvre de Yambo Ouologuem, disparu des librairies françaises depuis plus de 30 ans, est réédité le 9 janvier 2003. Le Devoir de violence, premier roman du jeune Malien et premier Prix Renaudot attribué à un écrivain noir, révolutionne la littérature africaine de langue française par son style et par son contenu.
L’un des romans africains les plus étudiés, commentés, analysés au monde restait interdit aux lecteurs français depuis 30 ans. Pour une sombre affaire de plagiat, Le Devoir de violence, Prix Renaudot lors de sa première parution en 1968, s’est vu retiré de la vente dès 1971. Jamais écrivain africain de langue française n’était parvenu avec autant de génie à écrire dans la langue du colon en prenant une si grande liberté avec ses règles les plus contraignantes. Dans son premier roman, Yambo Ouologuem prend le contre-pied des Senghor, Césaire et autres » rêveurs de la théorie de l’unité africaine » en mettant esclavagistes européens et africains sur un pied d’égalité. Un parti pris qui lui vaudra d’être éliminé de la scène littéraire et politique.
L’Empire de Nakem
Le jeune auteur malien, pour illustrer son propos, retrace l’histoire, d’une extrême violence, de l’Empire africain de Nakem et de ses maîtres, les Saïfs. Des Africains de l’Ouest qui se revendiquent » juifs noirs » et dont les chefs ont longtemps orchestré, bien avant les Blancs, l’oppression raciale. Notamment envers les musulmans, dont les descendants de Ouologuem font partie. « Afin d’entretenir – bon roi des rois nègres – ce faste avide de bruit et de terres nouvelles, Saïf intensifia, grâce à la complicité des chefs du Sud, la traite des esclaves « . La manipulation est permanente. S’ils finissent par autoriser le mariage de milliers de serfs à leur service, ce n’est point par charité mais uniquement par intérêt. Les enfants des futurs mariés rempliront les écoles du colon français à la place de ceux des nobles Saïfs.
Contes et griots
Ouologuem n’en oublie aucun. » Le fils maudit Saïf El Haram, Saïf Ezéchiel, Saïf Ismaël… » et surtout » le valeureux et très brave Isaac El Héït « , à l’origine de la renaissance de l’Empire. Mais » pour saisir à travers le personnage le mouvement de cette renaissance, il faut avoir ouï de la bouche des Anciens la sinistre litanie des dictatures impériales d’alors « , écrit l’auteur. C’est peut-être pour mieux nous faire partager les histoires contées par les griots maliens que Ouologuem prend de telles libertés dans la construction de son roman.
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