Des élections très Net


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Un site pour suivre en direct et en temps réel la campagne et le déroulement des élections législatives qui auront lieu au Maroc ce vendredi 27 septembre, c’est le pari que s’est lancé le ministère de l’Intérieur. Mohammed Brahimi, gouverneur et directeur général des collectivités locales nous parle d’Internet comme instrument de transparence. Interview.

Afrik : Vous avez déclaré que les résultats des élections législatives seraient consultables en temps réel sur votre site. Concrètement, comment cela va-t-il se passer ?

Mohammed Brahimi : Le Maroc est désormais découpé en 91 circonscriptions législatives qui correspondent grossièrement au découpage des préfectures. Le 27 septembre, les résultats seront proclamés in situ dans ces préfectures par les magistrats, une fois que les commissions auront décompté les voix. Une interface de gestion spécifique a été mise au point pour que ces résultats soient saisis, validés, puis répliqués en temps réel au niveau régional et national. L’internaute pourra suivre les résultats à tous les niveaux ou s’intéresser à un candidat en particulier. Une configuration de l’hémicycle se dessinera également au fur et à mesure. Bien entendu, les opérations de dépouillages, de vérification et de saisie prendront du temps. Les bureaux de vote ferment leurs portes à 19 heures, des premiers résultats seront disponibles vers 1 heure du matin, mais je pense qu’il faudra attendre 4 ou 5 heures pour des résultats plus complets.

Afrik : Quelle vont être les possibilités d’accès aux résultats ?

Mohammed Brahimi : Elles seront double. La première possibilité est un accès par l’Intranet du site central qui relie le ministère de l’Intérieur aux provinces. Des bornes seront mises à la disposition de la presse et des différents médias afin qu’ils puissent consulter, analyser et transmettre les résultats. La seconde possibilité sera bien évidemment un accès par Internet, donc ouvert à tous.

Afrik : Que propose d’ores et déjà le site ? Avez-vous réalisé des statistiques concernant sa fréquentation ?

Mohammed Brahimi : Notre site donne accès au fichier des candidats et des partis, on peut naviguer sur les listes, ou encore consulter les programmes. Nous n’avons pas vraiment réalisé de statistiques mais nous savons que le site est fréquenté. D’une part la rubrique débat/discussion a beaucoup de succès et propose des réflexions intéressantes. De l’autre, nous constatons que la presse s’alimente à partir de nos fichiers.

Afrik : Comment est née l’idée de créer un tel outil?

Mohammed Brahimi : Pour tout dire, au départ, il s’agit d’une petite aventure à laquelle nous ne croyions pas à 100%. Nous avons donc décidé de nous appuyer sur une grosse campagne de communication, quelque chose d’agressif et de dynamique. Créer un site dédié aux élections nous paraissait être l’occasion de bénéficier d’un support supplémentaire. Puis nous sous sommes pris au jeu. Les médias ont également joué un rôle. Ils nous sollicitaient beaucoup et régulièrement, alors nous avons décidé de mettre toutes nos informations en ligne.

Afrik : Avez-vous voulu répondre à une attente ou plutôt provoquer un besoin?

Mohammed Brahimi : Nous avons voulu répondre à une attente. Je ne vous cache rien en vous disant que le Maroc a une mauvaise réputation en matière d’élections. Nous avons misé sur cet outil pour évacuer les mauvais souvenirs de l’imaginaire collectif. C’est un héritage difficile, qui a provoqué la désaffection de nombreux électeurs, surtout chez les jeunes. Le secteur de l’Internet étant en plein boom au Maroc, nous avons pensé que c’était un excellent moyen de toucher, de sensibiliser et de mobiliser la population.

Afrik : Vous pensez vraiment que cet outil peut redonner confiance en la politique ?

Mohammed Brahimi : Tout à fait. La campagne de communication que nous avons menée se voulait rassurante et avait pour but de montrer que les choses avaient changé, que les droits des citoyens et leur volonté seraient désormais respectés. Internet est un formidable outil de transparence. A travers lui, le citoyen lambda peut avoir accès au fichier national, ce qui est une première. De plus, toutes les incohérences sont relevées, notamment en ce qui concerne les doubles inscriptions. Notre outil permet aussi d’avoir un découpage pertinent du corps électoral, chose autrefois taboue, et de dessiner une physionomie des circonscriptions (ruralité, analphabétisme, etc.).Le ministère de l’Intérieur ne joue plus un rôle politique, mais seulement technique.

Afrik : A quand le vote électronique pour une transparence totale ?

Mohammed Brahimi : C’est mon voeu le plus cher, et je dirais que c’est fatal. D’ailleurs, c’est la première fois dans l’histoire du pays et ,en partie grâce aux efforts de transparence que nous avons fait avec ce site, que la révision des listes électorales a lieu sans soucis, que la question du découpage ne soulève aucune opposition et que la campagne prend la forme d’un débat d’idées et ne connaît pas d’incidents violents. Maintenant, la grande inconnue reste le taux de participation car les commodités de vote ne sont pas encore idéales. Je rêve pour l’avenir de bornes de vote dans les cafés, les postes, les lieux de travail, et d’électeurs munis de cartes de vote magnétiques ! Cela me paraît tout à fait maîtrisable.

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La rédaction d'Afrik, ce sont des articles qui sont parfois fait à plusieurs mains et ne sont donc pas signées par les journalistes
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