Moraliser le commerce des diamants, un voeu pieux qui pourrait devenir réalité ? C’est l’ambition d’un groupe de pays conduits par l’Afrique du Sud, et qui vient de se réunir à Pretoria.
» Meilleurs amis des filles « *, les diamants sont aussi, hélas, les plus sûrs alliés des guerres africaines. C’est pourquoi le » groupe de Kimberley « , qui s’est réuni la semaine dernière à Pretoria, a proposé de mettre en place une » certification globale » des diamants extraits dans les principaux pays producteurs. L’objectif de ce système sera d’empêcher concrètement la mise sur le marché des pierres issues de pays soumis à des guerres civiles, et dont les diamants servent à l’achat d’armes perpétuant les conflits.
Le » groupe de Kimberley » tire son nom de la ville sud-africaine où se sont réunis, en mai dernier, des ministres et des opérateurs privés d’une quinzaine de pays impliqués dans la production, la transformation ou le commerce de diamants, afin de trouver des solutions communes à la crise de confiance qui menace ce marché de sept milliards de dollars US par an.
Un diamant sur deux est africain
La menace d’un possible boycott avait déjà conduit la De Beers, multinationale sud-africaine détenant 60 % du courtage mondial, à réviser son fonctionnement en juin. Un mois plus tard, le Conseil de sécurité de l’ONU votait l’interdiction du commerce des diamants en provenance du Sierra Leone. La certification votée à Pretoria garantira désormais, théoriquement en tout cas, l’origine des pierres brutes. L’Afrique du Sud est à l’origine de cette démarche, qui pourrait être complétée ensuite par la mise en place d’une structure inter-gouvernementale permanente.
L’Afrique produit la moitié des diamants vendus dans le monde. Selon les estimations, entre 4 et 15 % du total des diamants échangés financent directement les guérillas africaines. La plupart des observateurs pensent même que le contrôle des régions diamantifères est l’enjeu essentiel du conflit atroce dans lequel s’enlisent huit armées nationales en République démocratique du Congo.
* cf. » Diamonds are a girl’s best friends « , le standard éternel – comme un diamant – de Marylin Monroe.